François Monin, Directeur d’AgriJura, direction@agrijura.ch
Aujourd’hui à 09:09
Le 2 mai dernier, le Tribunal fédéral a tranché. Il pose une limite claire, courageuse et forte: on ne peut plus faire passer un produit végétal pour ce qu’il n’est pas. En interdisant l’usage de termes comme «planted.chicken» pour des aliments sans la moindre trace de viande, la justice protège enfin ce que nous, agriculteurs et éleveurs, défendons depuis toujours: l’honnêteté envers le consommateur et la reconnaissance de notre travail.
Si derrière les mots «escalope», «saucisse» ou «filet», il y a des métiers, des savoir-faire, des terroirs, il y a surtout tromperie lorsqu’ils sont usurpés pour nommer des produits concurrents. Détourner le vocabulaire existant pour vendre des produits d’imitation, c’est non seulement flouer les acheteurs, mais aussi piétiner toute une filière qui travaille avec rigueur et transparence.
Cette décision est une victoire de bon sens. Elle rappelle que l’alimentation n’est pas un jeu de marketing. Elle remet la vérité au cœur de l’étiquetage. Et elle envoie un message fort: on ne construit pas l’avenir alimentaire sur la confusion et l’approximation. Défendre nos mots, c’est aujourd’hui défendre nos produits. Si des tentatives politiques de nos élus ou les explications plus ou moins claires de notre administration ont soulevé le sujet, la décision de notre plus haute juridiction est bien plus impactante. Elle est contraignante.
Maintenant, le temps est venu d’aller plus loin. Il faut une réglementation stricte au niveau des ordonnances qui empêche une fois pour toutes l’appropriation du langage spécifique de l’élevage à d’autres fins. Défendre nos mots, c’est défendre nos produits. À l’image de nos voisins français, sachons préserver nos termes pour défendre notre agriculture.