Yann Huguelit, Directeur de la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture, yann.huguelit@ne.ch
Aujourd’hui à 00:00
Lors d’un cours sur l’environnement de travail, un élève m’a demandé pourquoi il y avait autant de lois et s’il ne pourrait pas y en avoir moins. Parti dans des explications alambiquées, j’ai répondu que la question était pertinente.
Car il faut l’admettre, nous empilons les lois comme on empile les feuilles d’un millefeuille. À chaque objectif politique, une ordonnance; à chaque problème local, une réglementation supplémentaire; à chaque impatience publique, un coup de stylo dans la législation. Le résultat: un édifice normatif que plus personne n’est capable d’expliquer simplement, pas même ceux qui en assurent l’application.
Les administrations ont dû suivre le rythme: embauches, spécialisations, subdivisions. L’expertise s’est fragmentée, certains services exécutant mécaniquement des prescriptions dont on ne questionne plus le bien-fondé. L’inflation réglementaire a engendré sa propre bureaucratie, créant un cercle parfaitement fermé.
Depuis vingt ans, on promet une simplification administrative: rapports, commissions, consultations… et pourtant la pile de textes continue de monter. Pendant ce temps, l’agriculture suisse a besoin d’un cadre lisible, stable et cohérent. Nos objectifs politiques ne sont pas illisibles: sécurité alimentaire, sobriété écologique, viabilité économique et sociale. Ce qui l’est, c’est l’accumulation de normes censées y répondre.
Légiférer ne peut plus être l’unique réflexe. Chaque nouvelle règle devrait entraîner la simplification ou la suppression d’une autre. L’État doit retrouver le courage de dire non: non à la fuite en avant réglementaire, non au réflexe de tout codifier.
Il est temps de redonner de l’air à ceux qui nourrissent ce pays. L’agriculture suisse n’a pas besoin d’un millefeuille législatif, mais d’un horizon clair. Le courage politique ne consiste pas à ajouter une loi de plus, mais à en retirer une.





