Pierre-Yves Felley, Directeur de la Chambre valaisanne d’agriculture, direction@agrivalais.ch
Aujourd’hui à 09:01
En 2024, les ventes de vins suisses ont plongé de 16%. La baisse se poursuit en 2025. Elle est due principalement au fait que le marché du vin est totalement ouvert à l’importation sans mesure de soutien spécifique pour l’écoulement des crus indigènes. Le journal Agri du 7 novembre l’a rappelé: c’est l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) qui, voici 30 ans, a sabordé le marché en ouvrant un seul contingent tarifaire. Les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) autorisaient pourtant de réglementer séparément les importations de vins blancs et celles de vins rouges, en distinguant encore entre vin en bouteilles et vin en vrac. La Confédération doit apporter des correctifs. Les discussions menées depuis cet été se focalisent sur le contingent global: c’est nécessaire, mais ce sera ardu et les effets positifs mettront au moins deux ans pour se faire sentir. Trop lent face à la profondeur de la crise.
Dans l’immédiat, les viticulteurs – sur qui retombe l’essentiel des conséquences de la mévente et de la dévalorisation des vins – ont besoin de renflouer leurs trésoreries exsangues. L’aide aux exploitations qui est un crédit-relais ne suffit pas sans embellie sur le front de vente des vins. Revaloriser les vins indigènes et donc les vendanges passe par une réduction drastique de l’offre. Pour vendre 75 millions de litres de vins suisses, nul besoin de 14 400 ha! Toutes les appellations sont concernées. Il faut un soutien public pour encourager l’abandon de l’exploitation de vignes. La Confédération devrait proposer un contrat de 8 ans aux viticulteurs qui arrachent leur vigne contre le versement annuel de l’ensemble des paiements directs octroyés à la surface concernée en 2025. Pour être efficace, la mesure devrait être mise en œuvre d’ici la fin de l’hiver pour que les ceps soient coupés avant le départ de la végétation. La base légale: article 13 de la Loi fédérale sur l’agriculture (LAgr). Les dispositions d’application: compléter l’Ordonnance sur les paiements directs. La mise en œuvre: les cantons contrôlent que les ceps ont été coupés sous le point de greffe. Faisable, finançable, contrôlable. Cela donnera un peu de temps pour redimensionner le vignoble sur le long terme ou pour regagner des parts de marché en Suisse.
En quelques semaines, le Parlement a modifié en urgence la loi sur l’assurance chômage et le Conseil fédéral a étendu à 24 mois le droit aux RHT pour aider l’industrie d’exportation freinée par les tarifs américains. La viticulture aussi mérite des mesures fortes et rapides.





