Martin Pidoux, Directeur de Prométerre, m.pidoux@prometerre.ch
Aujourd’hui à 08:13
Dans le cadre de la consultation sur les accords bilatéraux III entre la Suisse et l’Union européenne (UE), Prométerre tient à affirmer sa position équilibrée et réfléchie. Pour l’agriculture vaudoise, ces accords représentent un enjeu stratégique majeur qui mérite mieux qu’une opposition de principe ou un soutien inconditionnel.
Notre analyse approfondie nous conduit à un soutien mesuré mais résolu. Les négociateurs suisses ont obtenu satisfaction sur deux revendications fondamentales: la Suisse conserve pleinement sa souveraineté en matière de politique agricole et la protection douanière vis-à-vis de l’Europe demeure intégralement garantie. Ces acquis essentiels, qui n’étaient pas gagnés d’avance, assurent à notre secteur la protection indispensable face à une concurrence européenne aux conditions de production différentes.
L’agriculture suisse, à l’instar de l’économie, a besoin de relations stables et prévisibles avec l’UE, notre principal partenaire commercial. La voie bilatérale représente aujourd’hui la seule option viable pour maintenir cette relation, à condition que les avantages dépassent clairement les risques. Ces nouveaux accords offrent des opportunités concrètes: accès facilité aux programmes européens de recherche et formation, homologations et retraits réciproques de produits phytosanitaires, meilleure protection des consommateurs, et accès durable à la main-d’œuvre européenne.
Notre position s’accompagne néanmoins de réserves légitimes. La reprise intégrative du droit européen concernant la sécurité alimentaire (santé des végétaux, aliments pour animaux, semences, accord vétérinaire, denrées alimentaires d’origine végétale, produits phytosanitaires) restreint notre capacité à adapter notre législation de manière autonome. Cette perte partielle de souveraineté pourrait augmenter la densité normative déjà élevée et limiter certaines particularités helvétiques essentielles. Parallèlement, l’accord sur l’électricité et sa libéralisation du marché pourraient fragiliser la rentabilité des énergies renouvelables développées dans nos exploitations agricoles. Les modalités de mise en œuvre de l’accord seront déterminantes.
Face à ces enjeux, Prométerre refuse de s’engager dans une opposition dogmatique qui serait contre-productive pour l’agriculture de notre pays. Notre responsabilité est de défendre les intérêts agricoles avec pragmatisme, en reconnaissant que ces accords respectent globalement nos lignes rouges et en insistant sur les besoins importants d’adaptations décelés.
Notre approche est donc constructive: soutenir ces accords tout en travaillant activement à améliorer leurs modalités de mise en œuvre, particulièrement concernant la sécurité alimentaire. L’agriculture vaudoise a besoin de stabilité et de prévisibilité, pas d’isolement ni d’incertitude. Notre avenir se construit dans un dialogue exigeant mais constructif avec nos partenaires européens, ainsi qu’en égard avec les autres secteurs d’activité économique du pays.





