Marchés. Les cours du blé et du maïs chutent dans le sillage du pétrole
Les prix mondiaux des céréales ont nettement reflué ces derniers jours, sous la pression conjuguée d’une météo plutôt clémente, d’incertitudes persistantes sur la politique commerciale de Donald Trump et de la baisse des cours du pétrole.
Partager
ATS
Aujourd’hui à 10:46, mis à jour à 10:49
Des États-Unis à l’Europe, les cours du blé et du maïs ont franchement chuté. À la Bourse de Chicago, la céréale du pain a perdu 8,56% ces quinze derniers jours, clôturant à 5,0575 dollars le boisseau (environ 27 kg), tandis que le grain jaune refluait dans le même temps de plus de 6%, à 4,6050 dollars le boisseau (environ 25 kg). Les cours du soja ont moins évolué sur une semaine en dépit de séances houleuses: la graine a clôturé mardi soir orientée à la baisse à 10,41 dollars le boisseau (27 kg).
Cette dégringolade des céréales s’inscrit dans un mouvement de reflux des matières premières, au premier rang desquelles le pétrole, dans un contexte peu favorable de guerre commerciale entre Washington et Pékin. Dans un rapport publié mardi, la Banque mondiale voit les prix mondiaux des matières premières chuter de 12% en 2025 et de 5% en 2026, du fait d’un «ralentissement de la croissance économique» coïncidant avec «une abondance de l’offre de pétrole». Concernant les denrées alimentaires, la baisse des prix est nette quoique moindre, estimée à «7% en 2025» et 1% l’année suivante.
Dix millions de tonnes de blé en plus en Europe
«Le vrai moteur de cette baisse est le pétrole, mais il y a un ajustement lié aux prévisions de production céréalière bien meilleures en 2025» avec une augmentation probable de plus de 10 millions de tonnes en blé en Europe et encore plus importante en maïs aux États-Unis, estime Damien Vercambre, de la maison Inter-Courtage.
À Chicago, la baisse des cours est à mettre sur le compte de bonnes conditions de culture dans les grandes plaines américaines mais aussi des inquiétudes persistantes liées aux droits de douane successivement imposés et suspendus par Donald Trump. «Le différend commercial entre les États-Unis et la Chine ne semble pas près d’être résolu», soupire Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors. Une situation qui incite les opérateurs à la prudence dans un contexte de faible demande.
«Grande déprime» européenne
Alors que les semis de soja et de maïs avancent à grands pas aux États-Unis, les récentes pluies ont amélioré les conditions de culture du blé d’hiver, revenu à son niveau de l’an dernier à la même époque (avec 49% du blé dans un état jugé «bon à excellent»), selon le dernier rapport du ministère américain de l’Agriculture.
«Les semis de soja se poursuivent à un rythme record», dans des conditions météorologiques «sans risque» pour le moment, souligne Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale. De l’autre côté de l’Atlantique, «le marché européen est dans une grande déprime», constate Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.
Sur Euronext, le blé s’échangeait mercredi après-midi autour de 203 euros la tonne, son plus bas sur l’échéance en cours. La céréale du pain et le maïs ont reflué à des niveaux de prix proches de septembre 2024 sur l’échéance la plus rapprochée.
«On observe cette tendance baissière depuis la mi-février. À la faible demande dans cette période (ndrl: avant la nouvelle récolte de céréales de l’été) s’ajoute pour les Européens le handicap du taux de change», avec un euro fort qui pénalise les exportations, explique Gautier Le Molgat.
Les États-Unis favorisés
Favorisés, les États-Unis continuent à vendre leur maïs: ainsi Taïwan vient d’acheter 65 000 tonnes de grain jaune américain. Et l’Espagne, qui se fournit plutôt en Ukraine, a cette fois acheté 120 000 tonnes de maïs américain, peu cher et abondant alors que l’Ukraine a moins de disponibilités cette saison, relève Inter-Courtage.
Par ailleurs, les cours des oléagineux – soja, colza ou huile de palme étant largement transformés en agrocarburant – étaient plutôt orientés à la baisse, dans le sillage du pétrole. Une tendance qui pourrait durer alors que la récolte de soja s’achève bientôt au Brésil, où elle s’annonce record, à près de 168 millions de tonnes (contre environ 155 millions de tonnes l’an dernier).