Stephan Hagenbuch Directeur de la fédération des Producteurs suisses de lait stefan.hagenbuch@swissmilk.ch
17 avril 2025 à 00:00
Les informations en provenance de l'«Oval Office» se sont multipliées ces dernières semaines. Ce qui est présenté aujourd’hui comme un fait nouveau peut déjà être considéré demain comme une erreur. L’un est le contenu des nouvelles, l’autre l’incertitude fondamentale et la perte de confiance qu’elles impliquent. L’expéditeur est encore moins clair sur ce qui relève de la stratégie et de la tactique. Dans l’ensemble, ces événements de politique commerciale représentent un changement de paradigme dans le commerce occidental. La politique commerciale basée sur des règles est profondément ébranlée, rendue inopérante sur des points centraux par la force des faits, et l’OMC reste sans influence dans une «torpeur de choc». Le règlement des différends prévu sur le papier échoue lamentablement.
Les producteurs de lait suisses accueillent cette situation avec des sentiments mitigés, d’autant plus qu’il est impossible de prévoir l’évolution future. En 2024, les entreprises ont exporté vers les États-Unis environ 8700 tonnes de fromage à base de lait suisse et quelques milliers de tonnes de chocolat. En ce qui concerne le chocolat exporté, il n’y a toutefois pas de lait suisse partout. Mais au total, cela correspond à environ 75 millions de kilos d’équivalents lait sur une base annuelle d’origine suisse.
C’est important pour la production et l’industrie laitières suisses, et même très important pour le Gruyère AOP. Si l’on en croit les dernières déclarations, des droits de douane supplémentaires de 10% s’appliqueront également à ces exportations au cours des 90 prochains jours. Cela aura des répercussions négatives sur la demande, mais il ne faut pas non plus exagérer le problème. Il est également important de noter que les exportations suisses ne sont pas moins bien traitées que celles de l’UE. Avec cette charge supplémentaire actuelle de 10%, nous prévoyons une baisse de la demande d’environ 10%. Nous parlons donc d’une quantité annuelle de lait de 9 millions de kilos au maximum.
Dans l’ensemble des échanges de marchandises entre la Suisse et les États-Unis, il s’agit probablement d’un élément de mosaïque. Globalement, le sujet n’est pas une question agricole. Il s’agit d’une question économique globale qui concerne l’ensemble de l’économie de notre pays et qui doit maintenant être traitée et, dans la mesure du possible, négociée au plus haut niveau par le Conseil fédéral dans l’intérêt général de notre pays. Le secteur laitier et agricole doit toutefois naviguer de manière intelligente et ciblée afin d’éviter d’éventuels dommages collatéraux.