Fabienne Morand
Aujourd’hui à 09:38
La trentaine à peine entamée, Emilie Mayor compte déjà trois métiers à son actif. Elle continue d’avoir des projets plein la tête. «Je réalise aujourd’hui que j’ai toujours eu envie de reprendre la ferme familiale, relève cette agricultrice de Grandcour (VD). Lorsque les producteurs nous livraient leurs fruits, à la pâtisserie, j’aimais écouter leurs conseils.
Ils connaissent le goût de chacune de leur variété.» La Ferme d'Emilie est l’opportunité pour elle d’avoir son entreprise, une envie qu’elle nourrit depuis une dizaine d’années, depuis son retour d’un engagement bénévole de six mois dans les cuisines du Mercy Ships.
Durant cet engagement, le bateau humanitaire était stationné au Congo où des médecins opéraient. Emilie était une des membres de l’équipe cuisine. Cette aventure, qu’elle a entreprise après l’obtention de son CFC de pâtissière, lui permet de revenir avec l’anglais, mais aussi de réaliser tous les liens qui se créent par la nourriture et le plaisir que cela peut amener, peu importe l’historique de chacun. «Je sortais d’un apprentissage où j’allais en renfort pour le service traiteur, parfois pour des événements un peu guindés.
Au Congo, je découvre un autre monde avec le mélange d’une trentaine de nationalités. Ma cheffe, une Canadienne aux mains handicapées, m’a impressionnée par sa débrouillardise», raconte celle qui se questionne encore sur son avenir.
D’heureuses circonstances
Jusque-là, Emilie avait acquis diverses compétences en transformation des produits alimentaires. À son retour du Congo, elle entame une maturité avec option droit et commerce. C’est là que l’envie d’entreprendre émerge. Se sentant encore un peu jeune, après un an dans une sandwicherie, elle trouve un poste dans une biscuiterie, aux côtés de personnes en situation de handicap mental. En 2020, elle réussit son diplôme de maîtresse socioprofessionnelle.
Puis, une question émerge: «Me vois-je toute ma carrière dans ce même milieu?» En parallèle, une autre se pose, celle de l’avenir de l’exploitation agricole familiale. «Mon père arrivait à la retraite.» Et c’est le déclic. Avec ce merveilleux outil qu’est un domaine agricole, Emilie Mayor peut regrouper tous ses intérêts: les produits bruts, leur transformation et la chance de devenir entrepreneuse.
Pendant qu’elle effectue son apprentissage d’agricultrice, réussi en 2023, son père entame la reconversion des 30 hectares en bio et arrête l’engraissement de porcs. Aujourd’hui, le domaine est composé de grandes cultures, de petits fruits et de produits transformés pour la vente directe. À l’avenir, Emilie projette d’améliorer le confort au travail, d’installer un laboratoire pour s’éviter les trajets actuels jusqu’à Moudon (VD), où elle peut utiliser la cuisine de l’école d’agriculture, et d’ouvrir un tea-room.
Dates clés
1993 Naissance d’Emilie, qui grandit dans la ferme familiale entourée d’un grand frère (enseignant spécialisé) et d’une petite sœur (graphiste).
2017 Pour ses 25 ans, elle parcourt 7000 km en Russie, à bord du Transsibérien, accompagnée par sa marraine. Plus jeune, c’est avec un cousin et des amis qu’elle se rend au Brésil pour soutenir, sur place, une association. Elle a 13 ans.
2024 Emilie reprend le domaine agricole de son père. La même année, elle est élue au comité de BioVaud.
FM