Héloïse Candolfi Directrice d’AgriGenève candolfi@agrigeneve.ch
30 mai 2025 à 00:00
La viande est en train de devenir un tabou. Et pourtant, sans élevage, pas d’agriculture ni d’alimentation locale et durable. Pas de valorisation de l’herbe, pas de fumier, pas de paysages ouverts et pas d’apports de nutriments essentiels pour la santé. Il ne s’agit pas de consommer plus de viande et de produits laitiers, mais de consommer mieux, en choisissant des produits de chez nous, issus d’animaux élevés dans de bonnes conditions, en respectant le bien-être animal, l’environnement et toutes les normes sanitaires.
Face à cela, certaines décisions déconcertent: des universités bannissent viande et laitages de leurs cantines au nom de l’écologie, comme si le tofu importé avait un meilleur bilan carbone qu’un steak de pâturage. Des tonnes de viande illégale entrent en Suisse chaque année, en contournant les normes. Et désormais, une initiative populaire veut imposer un virage radical vers une alimentation végétale.
Alors, comment faire passer le message? Comment rappeler que manger suisse, c’est aussi soutenir un tissu agricole vivant, des familles, des paysages, des savoir-faire? Que l’élevage est un maillon essentiel de notre souveraineté alimentaire?
Les collectivités publiques et parapubliques ont ici un rôle clé à jouer. Elles peuvent choisir d’être des relais de bon sens, au lieu de relayer aveuglément des injonctions idéologiques. Elles peuvent décider de servir de la viande locale et des produits laitiers dans leurs cantines, de parler d’agriculture de manière nuancée, d’éduquer à l’alimentation avec des faits, pas avec des dogmes.
Il est temps que nos institutions prennent la mesure de leur responsabilité: ce que l’on met dans l’assiette publique façonne l’opinion de demain. Et demain, si l’on n’y prend garde, il ne restera peut-être plus que du soja, des importations et des regrets.