27 septembre 2024 à 00:00, mis à jour le 1 octobre 2024 à 14:05
Jamais deux sans trois! Après les votations contre les phytos et l’élevage intensif, c’est au tour de l’initiative biodiversité d’échouer dans les urnes. Dimanche dernier, le peuple suisse a clairement rejeté ce texte jugé «extrême» par les opposants. Avec un score national de 63% et seulement deux cantons favorables – Genève et Bâle Ville –, le résultat est net. Dans les cantons romands, le «non» s’établit entre les 56,2% de Neuchâtel et les 73,92% du Valais. Une fois encore, le monde agricole a su se mobiliser pour contrer une initiative dont les conséquences auraient eu des incidences évidentes sur la production alimentaire indigène. Une fois encore l’Union suisse des paysans et ses organisations membres, en particulier les Chambres cantonales d’agriculture, ont fait le job et mouillé le maillot dans une campagne portée par les milieux ruraux. Les secteurs alliés (énergie, forêt, économie, etc.) ont assuré le service minimum quelques semaines avant la votation… comme d’habitude pourrait-on dire.
Après trois échecs successifs, les ONG environnementales, les partis écologistes et plus globalement la gauche seraient bien inspirés de revoir leur stratégie pour faire avancer les causes qu’ils défendent. À l’issue du scrutin, certaines chevilles ouvrières de l’initiative ont déclaré vouloir tendre la main aux familles paysannes pour œuvrer ensemble à une amélioration de la biodiversité. Préserver les ressources et la nature reste un enjeu majeur. L’agriculture est la première concernée si elle entend pérenniser ses activités.
Galvanisés par leurs succès en votations populaires, les défenseurs de l’agriculture auraient tout intérêt à ne pas jouer les gros bras face à des écologistes peut-être plus enclins, maintenant, à renouer un dialogue constructif et à chercher des solutions pragmatiques sur le terrain. Car il faut le reconnaître: les organisations paysannes, à chaque nouvelle politique agricole, ont toujours commencé par rejeter les mesures «verdissantes» du projet.
Or les refus d’hier sont bien souvent devenus les arguments d’aujourd’hui. Pouvoir mettre en avant que 19% des terres agricoles sont dédiées à la promotion de la biodiversité a permis de démontrer les efforts des agriculteurs en faveur de la préservation des espèces. La population en a pris acte et l’a validé par son bulletin de vote. Améliorer la qualité des SPB s’impose comme un nouvel objectif. Il y en a d’autres. L’immobilisme et l’autosatisfaction ne sont pas une voie d’avenir, les familles paysannes doivent poursuivre leur travail en exigeant que les plus-values environnementales de leur production rémunèrent correctement leurs efforts.
-> Edito paru dans notre édition du 27 septembre.