Loïc Bardet, Directeur d’Agora, l.bardet@agora-romandie.ch
Aujourd’hui à 07:58
En rédigeant ce qui est potentiellement mon dernier éditorial dans Agri, je me permets quelques réflexions sur notre système politique ainsi que la défense des intérêts agricoles dans ce cadre-là. Le fédéralisme, le bicamérisme et le principe de collégialité font qu’il est impossible d’avoir raison tout seul et imposent la recherche de solutions communes. Ceci prend évidemment du temps et de l’énergie et nécessite une certaine bonne volonté de chacune des parties, mais garantit une adhésion plus large ainsi qu’une stabilité des institutions et des décisions. Le succès du modèle helvétique est, en partie, lié à ceci.
Dans ce cadre-là, la défense du secteur agricole, secteur représentant malheureusement une proportion toujours plus faible de la population, passe par des relations fortes avec les autres secteurs économiques ainsi qu’avec différents partis politiques, mais surtout, doit s’appuyer sur des organisations agricoles fortes et unies. En effet, il n’y a rien à espérer des autres lorsqu’on est divisés ou faible à l’interne. Ainsi, les volontés de certains d’instrumentaliser quelques désaccords idéologiques au sein du monde agricole sont dommageables pour tous. Vouloir déshabiller Paul pour habiller Jean n’améliorerait pas la situation générale du secteur agricole, bien au contraire.
Des avis et des intérêts divergents sont bien évidemment normaux et même à saluer. En revanche, ceux-ci doivent être discutés et résolus à l’interne et non sur la place publique. On a vu par le passé combien les médias adorent mettre en avant et jouer des divergences agricoles. Les nombreux défis qui nous attendent ces prochaines années entre, pour n’en citer que quelques-uns, la PA2030+, l’accord AELE-Mercosur, la numérisation du secteur, la révision du Droit foncier rural ou encore l’initiative voulant quasiment imposer le véganisme devront être relevés par un front agricole uni.
Toutefois, accorder ses violons ne sert pas à grand-chose s’il n’y a pas de structure à même de porter les besoins et les volontés de la base. Dans ce contexte, la situation financière de nombreuses exploitations agricoles, mais aussi de plusieurs chambres cantonales d’agriculture ou organisations sectorielles, doit nous pousser à réfléchir sans tabou aux structures de la défense professionnelle. Maintenir absolument certaines institutions juste pour les conserver n’est pas correct vis-à-vis des familles paysannes cotisantes. Les discussions en cours sur la gouvernance de la communication et de l’information agricoles en Suisse romande s’inscrivent ainsi parfaitement dans cette logique et sont à saluer et probablement à reproduire pour d’autres thématiques.
Je terminerai ces quelques mots en souhaitant à tous une belle saison des récoltes et surtout une longue vie à l’agriculture romande!