Héloïse Candolfi, Directrice d'AgriGenève, candolfi@agrigeneve.ch
29 novembre 2024 à 16:50, mis à jour le 2 décembre 2024 à 14:38
À Genève, canton sans chasse, la gestion de la faune sauvage, et particulièrement des cerfs, est un sujet sensible. Les dégâts causés par ces animaux sur les cultures et les forêts suscitent des tensions croissantes. Actuellement, la régulation repose sur une logique restrictive: avant toute intervention, il faut prouver que des mesures de protection (clôtures, répulsifs, etc.) ont été mises en place, mais que leur efficacité a été insuffisante. Cette approche, bien que rigoureuse sur le papier, se heurte à une réalité économique et pratique intenable pour de nombreux agriculteurs.
La situation des cerfs à Genève peut être mise en parallèle avec celle des loups dans les autres cantons. Là aussi, les éleveurs doivent démontrer qu’ils ont tout tenté pour protéger leurs troupeaux avant d’obtenir une autorisation de tir. Ce cadre juridique devient de plus en plus problématique face à l’augmentation des attaques.
Il est temps d’inverser la logique. Pourquoi exiger des agriculteurs et des éleveurs de prouver que leurs efforts ont échoué avant d’intervenir? Cette approche place la charge de la preuve et les coûts sur des professionnels déjà fragilisés.
L’équilibre entre la faune sauvage et les activités humaines, en particulier la production de biens alimentaires, ne peut reposer uniquement sur leurs épaules. Une régulation préventive et proactive, où les tirs de régulation sont envisagés dès que les dégâts deviennent significatifs, permettrait d’éviter des situations dramatiques.
Tant que la logique juridique ne sera pas inversée, les organisations de protection des animaux ne se priveront pas de recourir auprès des hautes instances. Et en attendant, les cerfs continueront à s’empêtrer dans les fils des barrières de protection et les animaux de rente paniqués à se jeter du haut des falaises. Elle a bon dos la protection des animaux!
-> Edito paru dans notre édition du 29 novembre 2024.