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Comme chaque année, les cérémonies de promotions des écoles d’agriculture rythment le début de l’été. La remise des CFC et AFP représente une joyeuse coutume durant laquelle lauréat.e.s, corps enseignant, formateurs et familles se retrouvent pour célébrer l’obtention d’un titre essentiel à la pratique du métier choisi.
Les directions des centres de formation peuvent se targuer d’une stabilité des effectifs alors même que la problématique de la relève dans certaines filières agricoles et dans la vitiviniculture s’avère de plus en plus préoccupante.
Chaque année, des exploitations cessent leur activité sans successeur. Les jeunes intéressés existent, mais beaucoup hésitent et certains renoncent. Pas par manque d’envie. Mais faute de perspectives durables.
Pour beaucoup, l’équation économique ne tient plus. Les prix payés aux producteurs restent trop bas dans de nombreux secteurs de production. L’écart entre le travail fourni et le revenu perçu décourage. S’installer coûte cher, les marges sont souvent trop étroites pour espérer rentabilité et sécurité.
La société évolue, et les jeunes nés dans les familles paysannes ne sont pas imperméables aux changements de valeurs. Ils aspirent eux aussi à une activité professionnelle compatible avec une vie de famille et des loisirs. Faire appel à la passion et à la vocation – bien qu’encore très présentes dans la jeunesse rurale – ne suffit pas.
Il faut une prise de conscience collective pour donner à la production agricole et alimentaire une rémunération à la hauteur des investissements et des efforts consentis. Les filières doivent mieux répartir la valeur. Les partenaires commerciaux, la distribution, ont leur part de responsabilité à assumer.
Le cadre politique a aussi son rôle à jouer. En arbitrant les intérêts des acteurs. En ajustant les soutiens. En simplifiant les démarches. En renforçant les outils de transmission. Et en reconnaissant pleinement la réalité économique des métiers de la terre.
Il y a des jeunes prêts à s’engager. Ce n’est pas le goût du métier qui manque, mais la confiance dans l’avenir. Offrons-leur des conditions pour durer afin que les promotions ne soient pas seulement un rite de passage mais bien une rampe de lancement vers un futur prometteur.