Michel Darbellay, Membre de la direction de l’Union suisse des paysans, michel.darbellay@sbv-usp.ch
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Rendre l’agriculture plus durable. Une évidence! La priorité doit aller à l’amélioration de la condition économique des familles paysannes, car la situation actuelle est totalement insatisfaisante, avec un revenu moyen de 17 fr. par heure. La Politique agricole 2030 se doit de renforcer les conditions cadres liées aux marchés en redonnant des perspectives économiques et sociales. Dans ce sens, l’Union suisse des paysans a élaboré un paquet «marché», sous la forme d’un catalogue de propositions concrètes à l’attention de la Confédération.
La protection douanière reste le socle pour permettre une production rentable face à la concurrence des importations. L’enjeu réside dans l’amélioration et le développement de la protection douanière, notamment au niveau de la gestion des contingents tarifaires, mais aussi en comblant les lacunes actuelles que l’on connaît, à l’instar des importations de produits boulangers. Des possibilités existent, encore faut-il avoir le courage de les mettre en œuvre.
Le renforcement du cadre au niveau des négociations doit contribuer à améliorer les prix à la production. Les aides actuelles pour les cultures particulières et les suppléments laitiers sont essentielles. Pour leur part, les prix indicatifs doivent à l’avenir systématiquement intégrer les coûts de production dans leur composition pour déboucher sur des rétributions plus équitables. Pour cela, la Confédération doit mettre à disposition les références des données comptables et cela nécessite l’appui des exploitations. Le recours aux mesures d’entraide, autrement dit la force obligatoire, doit être facilité et la transparence des marchés améliorée. Une plus claire déclaration des produits devra permettre un meilleur positionnement des produits suisses sur le marché.
Enfin, les systèmes de production doivent être encouragés de manière cohérente en veillant à ne pas créer de fausses incitations. Forcer le marché peut en effet avoir des effets collatéraux néfastes qu’il faut éviter.
Pour se concrétiser, ces différents axes doivent se traduire par des adaptations législatives, mais aussi par des mesures de réduction des coûts, notamment via les améliorations structurelles. Il y a encore du chemin à parcourir, surtout avec le programme d’allégement 2027 de la Confédération qui remet plusieurs instruments en question. La mise aux enchères des contingents d’importation, la suppression des aides à la production animale, la réduction de la promotion de la qualité et des ventes, sont autant de menaces qui font que le statu quo est tout sauf acquis. Pour une agriculture durable et résiliente, le cadre donné par l’État, mais aussi les relations commerciales avec nos acheteurs, par une meilleure rétribution de la production, façonneront l’agriculture de demain.