Pierre-Yves Felley Directeur de la Chambre valaisanne d’agriculture direction@agrivalais.ch
25 juillet 2025 à 08:18
Une pétition lancée sur le site internet de l’Assemblée nationale française réunit à l’heure d’écrire ces lignes plus de 1,8 million de signatures. Un record absolu et la collecte ne faiblit pas. La pétition appelle à refuser la loi dite Duplomb, votée par les députés dans le but de lever les contraintes sur le métier d’agriculteur. Au centre de l’opposition figure la réhomologation pour 3 ans de l’acétamipride, néonicotinoïde réclamé par les betteraviers français qui en sont privés depuis 2020, contrairement à leurs collègues européens. La filière du sucre français dénonce une concurrence déloyale. Les journalistes se régalent de ce débat public.
Tout autre traitement médiatique pour l’étude Parval menée en Valais par le Swiss Tropical and Public Health Institut de Bâle. Elle a examiné si l’exposition des écoliers aux phytos a des effets sur leur respiration. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion qu’il n’y a pas de lien entre l’exposition des enfants et les symptômes respiratoires tels que la toux ou des difficultés à respirer. Parval n’a suscité que peu d’intérêt de la part des rédactions. Sans doute que la nature non alarmiste des conclusions a déçu. Quelques articles publiés dans les semaines suivant la présentation cherchent à semer le doute dans l’opinion publique et à remettre en cause les pratiques agricoles.
Pourtant Parval livre des informations qui devraient susciter l’intérêt de notre société. Elle a montré que l’air est chargé en molécules de synthèse dont l’origine ne peut pas être liée à l’agriculture. Citons le propiconazole qui en Suisse est interdit en agriculture, mais est toujours autorisé et utilisé comme biocide dans les peintures, les crépis ou le traitement du bois de construction et d’ameublement. Ces molécules sont largement présentes dans l’air toute l’année. Les médias rechignent à questionner l’origine de ces substances. Ils préfèrent focaliser sur l’agriculture, quitte à évoquer des soupçons d’utilisation frauduleuse par le monde paysan pour expliquer la présence de ces substances.
L’agriculture n’a pas fini de devoir justifier la pertinence de la protection des cultures.