Biologie. Le maïs détoxifie les sols de l’arsenic
Le maïs est capable de se défendre contre l’arsenic, une substance toxique. Ses racines libèrent une sorte d’antidote dans le sol.
Partager
ATS
3 avril 2024 à 15:19
Des chercheurs suisses démontrent dans la revue américaine PNAS que le maïs est capable de se défendre contre l’arsenic. Ses racines libèrent une sorte d’antidote dans le sol. La plante absorbe non seulement moins d’arsenic, mais détoxifie également le sol. Cette découverte pourrait permettre de cultiver des plants de maïs qui absorbent particulièrement peu d’arsenic, a indiqué l’Université de Bâle dans un communiqué.
L’arsenic est un semi-métal toxique. Une trop forte exposition est cancérigène et peut entraîner des troubles neurologiques. La substance est naturellement présente dans de nombreux sols et eaux. D’autres sont pollués par l’exploitation minière ou l’agriculture, qui utilisait autrefois l’arsenic comme insecticide.
Des pays comme le Bangladesh, le Vietnam et la Chine sont particulièrement touchés. Mais il existe également en Suisse quelques points chauds où l’arsenic est naturellement présent en concentrations supérieures à la moyenne, par exemple dans les sols de Liesberg (BL).
Par les racines
Les plantes confondent l’arsenic avec le phosphore, un nutriment important. Comme les deux substances se comportent chimiquement de manière similaire, l’arsenic est absorbé par les canaux de transport du phosphore via les racines.
Dans leur étude, les scientifiques emmenés par Klaus Schläppi, de l’Université de Bâle, et Matthias Erb, de l’Université de Berne, montrent que le maïs se défend contre l’arsenic grâce à des benzoxazinoïdes. Les plants libèrent cette substance dans le sol par leurs racines.
«Des indices laissaient penser que le maïs absorbait moins d’arsenic que d’autres espèces végétales», indique Klaus Schläppi, cité dans le communiqué. Pour découvrir pourquoi, les scientifiques ont planté des variétés de maïs sauvages et des plants de maïs présentant un défaut génétique empêchant la production de benzoxazinoïdes sur des sols contenant ou non de l’arsenic.
L’antidote tient longtemps
Il s’est avéré que le maïs de type sauvage poussait nettement mieux sur les sols contenant de l’arsenic que le maïs qui ne sécrétait pas l’antidote. De plus, l’effet protecteur de l’antidote libéré par les plantes de maïs a duré longtemps: même une deuxième génération de maïs a profité de l’antidote libéré par la première.
Selon les auteurs, le fonctionnement exact de ce mécanisme de défense n’est pas encore entièrement élucidé. Ils supposent que les benzoxazinoïdes transforment l’arsenic toxique de telle sorte qu’il ne puisse plus être absorbé par les racines.