Martin Pidoux, directeur de Prométerre
19 août 2024 à 15:10
Attention à ne pas se tromper. La question à laquelle nous devrons répondre le 22 septembre, dans le cadre de la votation sur l’initiative Biodiversité, n’est pas «Est-ce que nous vivons une crise de la biodiversité?». Non, cette question n’est pas politique. Il s’agit d’une question éminemment scientifique. Pour y répondre, les chercheurs se basent sur des observations, des chiffres, des bases de données. À ce niveau, nous n’avons pas le privilège de voter. Nous ne pouvons qu’accepter le constat plutôt inquiétant brossé par les scientifiques; la biodiversité décline partout dans le monde.
Le 22 septembre, nous allons devoir répondre à la question «Devons-nous accorder plus de place à la biodiversité en Suisse?». Les initiants pensent que 30% de la surface du pays devrait être réservée à la biodiversité, contre, selon leurs estimations, 8% aujourd’hui. Ils prônent ainsi une augmentation significative qui entraînerait des conséquences négatives pour la production d’énergie durable, pour l’économie forestière, pour le tourisme et bien entendu pour la production de denrées alimentaires.
Dans un petit pays comme la Suisse, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de mettre à disposition des surfaces que nous n’avons pas. Et d’ailleurs, est-ce seulement souhaitable? J’en doute lorsque j’observe, sur le tracé de la Via Alpina entre Meiringen et Engelberg ou sur les alpages de Trient, des surfaces recouvertes de rhododendrons en proie à l’embroussaillement en raison de l’abandon de leur exploitation alors que, un bout plus loin, les pâturages extensifs montrent une belle diversité de fleurs alpines. Je me suis alors souvenu que la biodiversité en Suisse est aussi le résultat du défrichage pour une utilisation agricole du sol. Ce n’est pas en préservant et en limitant que nous parviendrons à améliorer notre biodiversité, mais en exploitant de manière durable et multifonctionnelle.
«Oui» à la biodiversité, mais «non» à l’initiative qui manque sa cible.