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Edito

Le double contrôle ou l’art d’user les bottes

Daniela Allemann-Gerber Secrétaire générale de la Chambre d’agriculture du Jura bernois.DR

Daniela Allemann-Gerber Secrétaire générale de la Chambre d’agriculture du Jura bernois info@cajb.ch

Daniela Allemann-Gerber Secrétaire générale de la Chambre d’agriculture du Jura bernois info@cajb.ch

Aujourd’hui à 00:00

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Un matin, un agriculteur reçoit la visite de l’Office des affaires vétérinaires du Canton de Berne (OVET) et d’un organe de contrôle. Trois heures passées à vérifier, consigner, signer. Tout est conforme. Fin de l’histoire? Pas du tout. Quelques heures plus tard, la Protection suisse des animaux (PSA) débarque pour… vérifier la même chose. Le document déjà établi ne suffit pas, il faut tout recommencer. Aberrant? Oui. Mais c’est la réalité.

Ce cas n’est pas isolé. Dans une autre exploitation, à quelques kilomètres de là, un paysan a vécu la même mésaventure: deux contrôles identiques par deux organes différents, mais espacés de seulement deux semaines. Même travail, mêmes documents, mêmes réponses. À la fin, ce qui reste, c’est un sentiment d’absurdité et d’agacement. Et surtout, une perte de temps précieuse: ces heures-là, l’agriculteur aurait préféré les investir dans son troupeau, ses champs, ou tout simplement dans son quotidien déjà chargé.

Les contrôleurs, eux aussi, ne sortent pas gagnants de cette situation. Car comment espérer être bien accueillis lorsqu’on impose aux exploitants une répétition de formalités qui n’ont plus de sens? Le climat se tend, les relations s’usent, et chacun repart avec le sentiment que ce travail aurait pu être mieux organisé.

On nous assure que, du côté de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), une solution se prépare: un seul contrôle par exploitation et par année. C’est une bonne direction qui répond à une demande de terrain ancienne et légitime. Mais pour l’instant, ce principe reste une promesse. Sur le terrain, les doublons persistent. Et tant que la simplification ne sera pas appliquée de façon uniforme, la confiance continuera à s’effriter.

Personne ne conteste l’importance du contrôle. La transparence et la traçabilité sont indispensables, pour les consommateurs comme pour la crédibilité du secteur. Mais multiplier les passages pour vérifier deux fois la même chose? C’est décrédibiliser l’administration, c’est user les agriculteurs, et c’est gaspiller de l’énergie pour rien.

Les bottes des agriculteurs sont déjà lourdes, leurs journées déjà longues. Ne rajoutons pas à ce fardeau le poids de contrôles doublons. Le terrain mérite mieux, et le bon sens exige que l’on mette rapidement fin à ces absurdités.

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