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Lumpy skin disease. «En Suisse, nous pouvons rester positifs»

Le vétérinaire cantonal fribourgeois, Dr Grégoire Seitert, offre un éclairage sur la gestion des épizooties qualifiées de «hautement contagieuses».

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Propos recueillis par Martine Romanens

Propos recueillis par Martine Romanens

Aujourd’hui à 08:42, mis à jour à 08:44

Temps de lecture : 3 min

Alors qu’en Suisse, une vaccination de ceinture obligatoire a déjà commencé dans la zone de surveillance, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) fait des ravages en France où désormais au moins 33 foyers sont recensés.

Afin d’éviter la propagation de la DNC, l’euthanasie est actuellement pratiquée en Europe sur tous les troupeaux où un cas positif a été détecté, ce qui suscite beaucoup d’émotion. Qu’en est-il en Suisse?

Il existe quatre catégories d’épizooties (hautement contagieuse, à éradiquer, à combattre et à surveiller), par ordre d’importance. La DNC fait malheureusement partie des épizooties hautement contagieuses qui exigent la mobilisation de tous les moyens humains, financiers et logistiques pour l’éradiquer du territoire le plus rapidement possible. Si un cas positif est avéré, une mise à mort du troupeau (différente d’un abattage qui concerne les animaux destinés à l’abattoir) est donc imposée et les cas contacts sont recherchés pour éviter toute dissémination. Néanmoins, en Suisse, nous avons pu nous préparer. Nous collaborons avec les organisations sectorielles et les caisses d’assurance, ce qui permet de rester optimiste. La vaccination a débuté samedi 19 juillet, à 8 heures. Si la ceinture vaccinale fonctionne, les autres cantons en bénéficieront et le cheptel suisse sera protégé.

Une mise à mort ordonnée même si les animaux sont en mesure de survivre à l’infection?

C’est pour cela que j’évoque la catégorisation des épizooties. La DNC ne peut pas intégrer notre territoire. Je tiens à signaler que le simple fait de se trouver dans la zone de surveillance complique fortement les choses. Une fois les animaux vaccinés, il faut attendre 28 jours pour qu’ils soient considérés comme immunisés. Ce n’est qu’au bout de 60 jours sans cas que les restrictions seront levées et que les bovins pourront quitter la zone de surveillance. Autrement dit, pendant près de deux mois, les bovins du canton de Genève et d’une partie du canton de Vaud ne peuvent pas circuler en Suisse. Et je n’évoque pas ici les restrictions qui touchent aussi les sous-produits bovins comme le lait, les semences, les embryons, etc.

Une fois les animaux abattus, les insectes sont toujours là.

Il faut en effet se référer aux Directives techniques contre les vecteurs de la langue bleue également valables pour la DNC. L’utilisation de mesures préventives de désinsectation est importante.

L’éleveur français Pierre-Jean Duchêne a aussi fait état de PCR et de prise de sang faussement négatives.

Difficile de se prononcer sur un cas relevant d’un autre pays. En Suisse, le diagnostic de la DNC est établi conformément à l’Ordonnance sur les épizooties par l’Institut de virologie et d’immunologie (laboratoire national de référence pour les épizooties hautement contagieuses). Selon les données scientifiques disponibles, la virémie peut durer jusqu’à 40 jours, tandis que la période d’incubation varie généralement entre une et quatre semaines.

Ce troupeau d’Abondances a été euthanasié lundi 21 juillet, à Rumilly (F).
Ce troupeau d’Abondances a été euthanasié lundi 21 juillet, à Rumilly (F).M. Romanens

La nouvelle Ordonnance urgente publiée par l’Office fédéral de sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires impose des restrictions de transports. Néanmoins, à l’heure actuelle, paille, chevaux ou personnes circulent librement.

En effet. Toutefois, une interdiction de mouvements transfrontaliers (entre 12 000 bovins suisses se trouvent actuellement sur le territoire français) a été prononcée le 17 juillet, ce qui implique que le bétail se trouvant actuellement en pacage ou estivage en France ne peut plus revenir en Suisse pour l’instant.

Si l’épidémie se transmet par piqûre et que le vétérinaire ne change pas d’aiguille pour vacciner, le risque existe-t-il de répandre la DNC?

La biosécurité et le code de déontologie vétérinaire imposent un changement d’aiguille individuel ou par lot entre chaque unité d’élevage.

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