Logo

Animaux

Ventilation des étables (3/3). La ventilation mécanique est un bon complément à la ventilation naturelle

L’installation d’une ventilation mécanique constitue l’un des leviers pour réduire l’impact du stress thermique, mais elle ne doit pas être la première action à entreprendre.

Ventilateurs au-dessus de logettes.V. Gremaud

CLAUDE GALLAY, AGRIDEA, ET ELENA JULIER, PROCONSEIL

CLAUDE GALLAY, AGRIDEA, ET ELENA JULIER, PROCONSEIL

19 mai 2025 à 16:24

Temps de lecture : 4 min

Certains Cantons subventionnent l’acquisition de brumisateurs et l’installation de ventilateurs, ce qui les rend plus attrayants. Toutefois, avant tout investissement dans du matériel, il est essentiel d’adopter une approche globale.

Quelles actions prioritaires avant de s’équiper?

Il faut tout d’abord bien identifier la situation. L’estimation des éventuelles pertes de production laitière est un indicateur intéressant. Cependant, cela ne donne pas d’information concernant d’autres impacts sur la reproduction ou l’augmentation des boiteries.

Plan d'action du CNIEL.
Plan d'action du CNIEL.Centre national interprofessionnel de l'économie laitière.

Le plan d’actions en sept étapes du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière en France (CNIEL) permet de passer en revue l’ensemble des leviers pour adapter les bâtiments laitiers au confort d’été. Ces points sont classés par ordre d’importance. Installer une ventilation mécanique n’arrive qu’en avant-dernière position de ce classement. Ce n’est qu’une fois les mesures prioritaires mises en œuvre que l’on peut envisager un tel investissement.

Quand et comment faut-il s’équiper en ventilation mécanique?

Lorsque les améliorations des pratiques et du bâtiment ne suffisent pas, la ventilation mécanique peut venir «booster» la ventilation naturelle. Elle s’avère utile pour un bâtiment peu exposé aux vents (par exemple dans une cuvette), très large ou qui ne peut pas être ouvert en partie basse. C’est particulièrement vrai également quand les journées et les nuits chaudes s’enchaînent: les animaux n’arrivent plus à se rafraîchir.

Selon le bâtiment, la catégorie d’animaux logés et la conduite d’élevage, les choix seront différents. Pour des vaches laitières en stabulation libre, notamment l’été, l’équipement vient souvent en soutien ou en complément de la ventilation naturelle avec du brassage d’air. Cela peut être différent pour une étable entravée ou pour une nurserie. On parle alors plus souvent de ventilation dynamique par extraction ou par suppression.

Quel que soit l’équipement, les principes suivants sont fondamentaux: vitesse d’air adaptée, homogénéité dans le bâtiment et ouverture suffisante pour assurer le renouvellement d’air.

Les avantages de la ventilation mécanique par rapport à la ventilation naturelle

Indépendance vis-à-vis des conditions extérieures: la ventilation mécanique permet de maintenir un climat d’étable optimal indépendamment des conditions climatiques extérieures.

Contrôle précis: il est possible d’ajuster plus finement les paramètres de ventilation aux besoins. Encore faut-il un équipement bien monté et une bonne maîtrise du système de régulation et du pilotage de l’installation.

Sécuriser la santé et le bien-être des animaux: il faut compléter ou suppléer la ventilation naturelle lorsque cela est nécessaire. La ventilation mécanique sécurise les performances du troupeau en limitant les problèmes respiratoires, notamment, et en favorisant le bien-être des animaux.

Les désavantages

Pannes possibles: la ventilation mécanique n’est pas infaillible et peut tomber en panne. Un entretien régulier est nécessaire pour assurer leur bon fonctionnement, y compris le nettoyage des filtres et des ventilateurs, la vérification des conduits et des systèmes de régulation.

Coût initial et opérationnel: l’installation de systèmes de ventilation mécanique peut représenter un investissement initial important mais aussi des coûts de fonctionnement supplémentaires. Les pertes de production évitées permettent d’amortir une partie des coûts sur le long terme. Le choix d’équipements économes en énergie et équipés de variateurs de fréquence permet d’ajuster les coûts opérationnels. Enfin, lorsqu’elle est possible, l’autoconsommation d’électricité produite sur la ferme limite encore le budget d’électricité pour la ventilation.

Sols glissants: une croûte peut se former dans les couloirs de circulation en béton ou avec tapis. Les sols deviennent glissants si le racleur ne permet pas d’enlever cette croûte dès sa formation.

Les vitesses d’air recommandées

Pour réduire l’impact du stress thermique en été, on cherche à obtenir une vitesse d’air minimale de 1 m/s sur les flancs des animaux. Attention toutefois à ne pas dépasser les 3 m/s, afin d’éviter l’augmentation des émissions d’ammoniac et de poussière. De plus, des vitesses trop importantes sont désagréables pour les animaux.

Sous-équipement générant une hétérogénéité des vitesses d'airs (m/s) sur une ferme.
Sous-équipement générant une hétérogénéité des vitesses d'airs (m/s) sur une ferme.Idele

En cas de défaillance de la ventilation naturelle, l’objectif est d’assurer un renouvellement suffisant du volume d’air, avec une utilisation possible des systèmes mécaniques tout au long de l’année.

En période intermédiaire, une ventilation à faible vitesse peut suffire. Attention toutefois: les ventilateurs ne doivent pas être installés dans des étables trop fermées, au risque de simplement brasser de l’air vicié sans véritable renouvellement.

Enfin, le nombre, la qualité des équipements et leur répartition ont leur importance (voir le schéma ci-dessus).

Brassage d’air et gaines à pression positive

Gaine de ventilation au-dessus d’une rangée de logettes.
Gaine de ventilation au-dessus d’une rangée de logettes.Jean-Luc Oberson

Les ventilateurs à flux d’air horizontaux sont intéressants pour atteindre les flancs des animaux avec des vitesses importantes. Ils permettent également de renouveler l’air intérieur de manière continue et homogène ou d’éliminer des zones d’air stagnant. La longueur d’action de la nouvelle génération de matériel oscille entre 9 et 15 m et la largeur est de 5 à 7 m.

Les ventilateurs à flux d’air vertical dirigent l’air du plafond vers le sol. Le diamètre d’action s’étend de 8 à 12 m. Avec un flux vertical, les vitesses d’air devraient être deux fois plus élevées pour le même résultat ressenti par les animaux. En revanche, les ventilateurs avec un variateur de vitesse peuvent également être utilisés à l’intersaison, voire l’hiver, pour favoriser l’assèchement du couchage. De même, les ventilateurs à flux vertical sont moins bruyants et, en fonction des situations, le nombre de ventilateurs à installer pour couvrir une zone peut être inférieur.

Les gaines de ventilation à pression positive

L’air est capté à l’extérieur (ventilateur souvent en pignon) puis réparti dans le bâtiment via une gaine équipée de bouches. En hiver, ces trous latéraux sont de petites dimensions et permettent une maîtrise des vitesses d’air (0,25 m/s à 0,50 m/s au niveau des aires de vie des animaux). Les gaines adaptées pour l’été sont de plus grandes dimensions et comportent des trous plus importants, envoyant l’air à plus forte vitesse directement vers les animaux (1 m/s). Si une seule gaine est utilisée toute l’année, elle doit être équipée d’un variateur de vitesse pour adapter les vitesses d’air à la saison.

Les gaines permettent d’apporter de l’air frais de l’extérieur dans un bâtiment trop bas et/ou trop fermé, où l’installation de ventilateurs classiques n’est pas possible ou pas efficace.

CG et EJ

Attention à l’humidité avec la brumisation et le douchage

Le principe de la brumisation est un rafraîchissement de l’environnement de la vache. Elle doit être couplée à l’installation de ventilateurs ou à une ventilation transversale naturelle importante. Les vitesses d’air élevées favorisent l’évaporation de l’eau et donc la dissipation de la chaleur. Sans cette combinaison, le risque est un apport d’humidité supplémentaire dans le bâtiment pouvant amener des conséquences négatives. D’autre part, la difficulté d’équiper l’ensemble du bâtiment génère souvent une grande hétérogénéité de confort climatique dans le bâtiment. Pour ces différentes raisons, la brumisation est souvent mise de côté par les experts en climat d’étable.

Contrairement à la brumisation, le douchage ne refroidit pas l’environnement, mais directement les animaux. Il est obligatoirement associé avec une ventilation avec des vitesses d’air importantes (3 m/s) afin de créer des cycles de douchage/ventilation. L’aire d’attente est considérée comme le lieu privilégié pour le douchage. Cependant, avec certaines précautions, il peut également être installé à la crèche. Par exemple, pour les bâtiments équipés de robots de traite. Dans ce cas, les experts recommandent l’alternance suivante: une minute de douchage, puis ventilateurs à 2-3 m/s sur des zones relativement réduites et nombreuses.

À retenir

Utiliser l’eau pour rafraîchir les animaux est une solution à utiliser le plus souvent en complément de l’installation de ventilateurs. L’évaporation de l’eau peut contribuer à diminuer la température ressentie par les animaux. Mais pour cela, il faut que l’utilisation d’eau se fasse de façon intermittente (mouillage/séchage) dans des bâtiments ouverts avec des vitesses d’air importantes. Dans des bâtiments trop fermés et non équipés de ventilateurs, l’utilisation d’eau pourra s’avérer contre-productive, puisque les vaches sont sensibles aux excès d’humidité.

CG et EJ

Dans la même rubrique

Animaux

Grippe aviaire. Les importations de poulet brésilien suspendues

La Chine et l’Union européenne ont suspendu leurs importations de viande de poulet venue du Brésil. Cela après l’identification d’un premier foyer de grippe aviaire dans une exploitation du pays sud-américain, a appris l’ATS vendredi 16 mai de sources brésilienne et européenne.