Environnement. La certification de l’huile de palme produit des effets secondaires
L’analyse d’images satellites indépendantes révèle une baisse d’efficacité des plantations d’huile de palme en Malaisie après l’obtention d’un certificat de durabilité. Cela peut nuire à l’environnement et aux petits paysans, selon une étude saint-galloise.
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ATS
23 avril 2025 à 11:55, mis à jour le 28 avril 2025 à 08:17
En soi, les certificats de durabilité sont une bonne chose, mais certains aspects sociaux risquent d’être négligés si l’on accorde trop d’importance à l’environnement, par exemple, et vice-versa, a indiqué mercredi le Fonds national suisse (FNS) dans un communiqué.
Une équipe de l’Université de Saint-Gall (HSG) emmenée par la doctorante Nina Zachlod a eu recours aux données satellites pour observer des plantations de palmiers à huile en Malaisie. Elle démontre dans la revue Communications Earth & Environment que le processus de certification peut entraîner des pertes d’efficacité non planifiées.
Des producteurs d’huile de palme de plus d’une centaine de pays ont rejoint la «Round table on Sustainable Palm Oil» ou Table ronde sur l’huile de palme durable. Cette organisation indépendante à but non lucratif a, par exemple, certifié toutes les grandes exploitations de Malaisie - le plus important producteur après l’Indonésie. C’est la raison pour laquelle Nina Zachlod a choisi une région de Malaisie pour son analyse.
Baisse de productivité
Pour ce projet, les scientifiques ont pris comme mesure de l’efficacité la partie de la plantation visiblement recouverte de palmiers à huile. L’équipe s’est appuyée sur des images satellites de l’Agence spatiale européenne (ESA) en libre accès pour déterminer la surface recouverte de palmiers oléifères dans 144 plantations situées à la pointe nord de Bornéo.
La période étudiée allait de 2017 à 2023, à savoir avant, pendant et après la certification. Près de 50% des cultures observées appartenaient à une grande exploitation, l’autre moitié à de petits fournisseurs. L’analyse des images a révélé une baisse continue de la couverture des plantations à partir de 2018, époque de publication des critères de certification.
«Il semble qu’à partir de ce moment-là, des mesures ont été prises pour préparer la certification, entraînant une baisse d’efficacité de la production», présume Nina Zachlod, citée dans le communiqué.
Ajuster les critères
Le certificat n’impose toutefois aucune réduction de l’efficacité. Il s’agit là d’une conséquence fortuite, qui selon les auteurs pourrait avoir des répercussions négatives. Les producteurs pourraient par exemple être tentés d’augmenter les surfaces cultivées. «Ce n’est évidemment pas l’effet que devrait avoir un tel certificat. D’autant plus qu’il y a un risque que les nouvelles plantations ne soient pas certifiées», indique Nina Zachlod.
De petits fournisseurs pourraient également se retrouver dans une situation financière délicate en cas de baisse de production. Afin de contrecarrer ces effets secondaires indésirables, les auteurs suggèrent d’ajuster les critères de certification. Dans le cas des palmiers à huile, il faudrait par exemple évaluer la nécessité de modifier les directives relatives à l’utilisation d’engrais ou à la gestion des plantations.