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France. En Alsace, la FNSEA retire l’acétamipride des supermarchés

«N’achetez pas ce que vous nous interdisez»: dans un hypermarché proche de Strasbourg, des agriculteurs de la FNSEA n’en démordent pas: si la loi Duplomb n’a pas permis de réautoriser l’acétamipride, alors les produits importés contenant cet insecticide doivent être retirés des rayons.

Une trentaine de producteurs du Bas-Rhin se sont donné rendez-vous dans une grande surface à Mundolsheim.Wikipédia

ATS

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Aujourd’hui à 17:01

Temps de lecture : 2 min

Joignant le geste à la parole, ils sont une trentaine de producteurs du Bas-Rhin à s'être donné rendez-vous dans une grande surface à Mundolsheim, au nord de la capitale alsacienne, drapeaux du syndicat bien en vue, pour trier eux-mêmes les produits qui ne sont pas soumis à la règlementation française.

"Il faut une cohérence totale", réclame Laurent Fischer, éleveur de poules pondeuses et céréalier, secrétaire général de la FDSEA 67. "Nous, on se retrouve dans une impasse par rapport à nos concurrents européens. Si des produits doivent être interdits, il faut les interdire pour tout le monde".

Pâtes à tartiner, chocolats et biscuits

Leurs imposants tracteurs garés sur le parking, les agriculteurs poussent chariots et porte palettes à la recherche des articles pour lesquelles la molécule a pu être utilisée lors de la culture. Et les références s'entassent au milieu du magasin: Nutella et la quasi-totalité des pâtes à tartiner, mais aussi des biscuits Lu ou Delacre, des friandises M&M's, Kinder ou Maltesers ou encore des tablettes de chocolat Nestlé ou Côte d'or.

"Aujourd'hui, on parle de l'acétamipride (et des) noisettes et betteraves, mais il y a une douzaine de filières concernées, tous les fruits et légumes", assure Thomas Lux, président des jeunes agriculteurs du Bas-Rhin. Il ne décolère pas après la décision du Conseil constitutionnel, qui a retoqué le 7 août l'article 2 de la loi Duplomb, qui prévoyait la réintroduction sous conditions de cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes.

"On interdit une molécule qui est utilisée par tout le monde, considérée comme peu dangereuse quand elle est maîtrisée", explique-t-il. "Et nous, justement, on maîtrise cette solution, on respecte les doses, les délais".

L'action des agriculteurs, menée dans le calme et sous la surveillance des forces de l'ordre, est regardée avec bienveillance par les clients de l'hypermarché. Prêt à poursuivre son action, le syndicat a déjà annoncé son intention de mener ce type d'opérations dans d'autres grandes surfaces.

Une étude suisse

Les opposants à l’acétamipride s’appuient notamment sur les recherches d’Alexandre Aebi, professeur en agroécologie aux instituts d’ethnologie et de biologie à Neuchâtel.

Une étude publiée en 2021avait mis en évidence la présence de traces de ce pesticide dans le cerveau d’enfants, démontrant que l’acétamipride franchit la barrière hémato-encéphalique, censée protéger cet organe vital. Ces résultats ont depuis été corroborés par d’autres travaux scientifiques.