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Edito

Une différenciation absurde

Loïc Bardet, directeur d'Agora.DR

Loïc Bardet Directeur d'Agora l.bardet@agora-romandie.ch

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Aujourd’hui à 00:00

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Adoptée par les Chambres fédérales en fin d’année 2022, la dernière révision de la Loi sur la chasse, via son ordonnance d’application, est totalement entrée en vigueur en février 2025. Dans le cadre de la coexistence avec le loup, plusieurs améliorations sont à saluer. Ainsi, la régulation n’est plus uniquement possible de manière réactive, mais également de manière préventive.

Cette disposition, appliquée de manière anticipée durant les hivers 2023-2024 et 2024-2025, a permis à certains cantons de diminuer la pression sur les activités humaines, agricoles notamment. Par ailleurs, les seuils permettant une régulation réactive, soit après une attaque, ont été abaissés. La Confédération et les Cantons semblaient donc mieux outillés pour répondre aux besoins du terrain en ce début d’année 2025.

La chose n’est malheureusement pas aussi claire. Ainsi, il y a 10 jours, un éleveur de moutons du Nord vaudois faisait face à la première grosse attaque de loup sur des animaux de rente depuis l’entrée en vigueur complète de ladite révision. Le comportement clairement déviant du prédateur ainsi que le nombre de bêtes tuées auraient dû déclencher une demande de régulation immédiate de la part du Canton de Vaud. Depuis lors, et malgré plusieurs autres attaques ainsi que la détresse des éleveurs, le débat tourne autour d’un élément finalement peu convenable pour les familles paysannes touchées: s’agit-il d’un loup isolé ou d’une meute? Comme si le fait d’attaquer en bande était plus excusable…

Cet élément est toutefois important au niveau législatif et débouche sur une différenciation encore plus problématique. En effet, lorsqu’il s’agit d’animaux appartenant à une meute, une différence est faite entre les attaques en zone d’estivage et en SAU. Ainsi, seules les prédations en zone d’estivage devraient être prises en compte. Cette délimitation administrative, que ne connaît évidemment pas le loup, est particulièrement inadaptée au massif jurassien où les villages et les alpages sont proches les uns des autres. Une modification rapide de l’ordonnance fédérale est nécessaire à ce sujet et, dans l’intervalle, il est à attendre des Cantons une application pragmatique de ceci.

Comme cela a déjà été dit à maintes reprises, une coexistence entre les activités humaines et les grands prédateurs n’est possible que si les comportements problématiques ne sont pas tolérés, et encore moins sous couvert de chicaneries administratives. Il semble que même les milieux environnementaux devraient comprendre ceci.

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