Yann Huguelit, Directeur de la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture, Yann.Huguelit@ne.ch
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Depuis le début d’année, plusieurs projets sont en gestation concernant le développement d’énergie solaire par l’implantation en plein champ d’installation photovoltaïque. Cette situation est bien entendu liée à la dernière votation plébiscitée par le peuple suisse pour un approvisionnement électrique sûr et indigène en reléguant la protection de la nature au second plan.
En parallèle, le Parlement avait validé l’offensive solaire (Solarexpress) devant permettre de faciliter l’approbation d’installations photovoltaïques à grande échelle durant une période limitée (jusqu’à fin 2025) tout en permettant le financement des projets par une rémunération unique allant jusqu’à 60% des coûts d’investissements.
Dans les campagnes, les promoteurs - alléchés par le concept - sont en contact étroit avec des exploitants qui pourraient se voir verser une indemnité en compensation de la mise à disposition d’une dizaine ou vingtaine d’hectares par installation.
Même si sur le papier les promesses de garantir une indemnisation en plus d’une récolte de fourrages entre les panneaux peuvent séduire, il n’en demeure pas moins qu’il serait erroné de croire pouvoir obtenir une autonomie alimentaire ainsi qu’une autonomie électrique. C’est bien sur des terres incultes ou improductives que les projets d’importance doivent voir le jour. Penser qu’il suffit de mettre des panneaux solaires dans les champs des agriculteurs plutôt que sur les toits et façades des bâtiments relève d’un manque de responsabilité individuelle d’une part, mais aussi d’un manque de pesée d’intérêt collectif d’autre part. Notre territoire étant déjà passablement mis sous pression, ne dilapidons pas notre terre nourricière.