Biodiversité. Vouloir sauver une espèce peut faire plus de mal que de bien
Introduire de grands mammifères herbivores, comme des éléphants, des buffles, des chameaux, des cerfs, dans des régions situées en dehors de leur aire de répartition dans un souci de conserver ces espèces s’avère, au final, être une fausse bonne idée. C’est à cette conclusion que sont arrivés trois scientifiques de l’Université de Fribourg (UNIFR).
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ATS
16 septembre 2025 à 17:15
Zoé Bescond-Michel, Giovanni Vimercati et Sven Bacher ont analysé un total de 2021 impacts, positifs et négatifs, liés à des installations d’animaux en dehors de leur milieu habituel. Les résultats de ce travail constituent un «véritable signal d’alarme», indique mardi l’UNIFR dans un communiqué.
«En étudiant ces cas d’introduction de grands mammifères herbivores en dehors de leur aire d’origine, nous avons constaté que ces actions, malgré les meilleures intentions, causent souvent plus de tort que de bien à la biodiversité locale», relève, citée dans le communiqué, Zoé Bescond-Michel.
Une seule espèce s’en sort
L’équipe de scientifiques n’a trouvé qu’une seule espèce, le cerf cochon (axis porcinus), un petit cervidé originaire d’Asie du Sud-Est, pour laquelle aucun impact négatif n’a été rapporté dans la littérature scientifique. «Seul un impact sur cinq de ces grands herbivores introduit s’est révélé positif», note Zoé Bescond-Michel.
Les trois chercheurs de l’UNIFR ont en particulier découvert que les écosystèmes insulaires ainsi que les espèces situées en haut de la chaîne alimentaire se montrent les plus vulnérables aux impacts liés à l’introduction d’herbivores.
Mais tout n’est pas entièrement négatif pour autant. L’étude, qui fait l’objet d’une publication dans la revue spécialisée Nature Communications, a ainsi mis en avant que certaines espèces peuvent tirer bénéfice de ces opérations. Des cerfs ont ainsi permis à des plantes rares indigènes de prospérer, car les animaux broutaient les plantes concurrentes.
Les trois scientifiques, face à ce déséquilibre entre les quelques effets positifs et les nombreux effets négatifs engendrés par l’introduction d’espèces non indigènes, invitent leurs collègues à reconsidérer cette pratique dans le cadre de projets de renaturation ou comme réponse aux conséquences du changement climatique.





