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Alimentation. L’influence des facteurs culturels sur notre consommation de viande

Il a été scientifiquement prouvé que manger moins de viande représente l’un des plus grands leviers pour rendre notre alimentation plus durable. Or beaucoup peinent à modifier leur alimentation. Pourquoi, et quelles mesures peuvent aider? Des chercheurs de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires ont tenté de donner des réponses.

Au Vietnam comme en Suisse, la consommation de viande est très élevée en comparaison internationale.René DeAnda, unsplash

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29 mai 2024 à 14:51, mis à jour à 14:54

Temps de lecture : 3 min

Des chercheurs de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) et de la Vietnam National University of Agriculture se sont intéressés à la résistance à l’abandon de la viande, dans le cadre du projet «Manger vert? Comportement alimentaire durable au Vietnam et en Suisse». L’équipe de recherche a étudié les habitudes alimentaires au Vietnam et en Suisse. Selon un communiqué de la HAFL, le principal résultat de l’étude est le suivant: peu importe le pays, tabler sur un renoncement volontaire ne suffira guère à rendre l’alimentation durable.

Ancré dans la société

Au Vietnam comme en Suisse, la consommation de viande est très élevée en comparaison internationale; cependant, les deux pays diffèrent très fortement par leurs traditions et leurs cultures. Par ailleurs, la Suisse est considérée comme un pays développé alors que le Vietnam compte parmi les pays émergents. «Avec notre étude transnationale, nous voulions identifier les modèles de consommation, les similitudes et les différences, pour en retirer des stratégies et des mesures afin d’aider les gens à consommer moins de viande», explique Mathilde Delley, collaboratrice scientifique à la HAFL et principale auteure de l’étude.

Les chercheuses et chercheurs des deux pays ont recueilli au moyen d’enquêtes en ligne les raisons pour lesquelles les gens mangent de la viande. L’équipe a ainsi identifié différents groupes de consommateurs de viande. Trois groupes existent au Vietnam comme en Suisse: les personnes qui aiment la viande, les consommateurs influençables et les personnes proactives, qui mangent certes de la viande mais se tournent aussi volontiers vers des alternatives sans viande. Chaque pays comptait deux groupes spécifiques: du côté suisse, on recensait les consommateurs traditionnels peu enclins à réduire leur consommation de viande et les mangeurs de viande convaincus, non conscients des conséquences de leur consommation carnée. Du côté vietnamien, il y avait les consommateurs négligents, peu préoccupés des risques de leur consommation de viande sur leur santé, et les anxieux, inquiets de toute conséquence négative d’un mauvais choix alimentaire.

Dans une autre étude, les chercheuses et chercheurs parviennent au constat suivant: «Dans les deux pays, la viande est considérée comme un symbole de statut social. Au Vietnam, la famille a une forte influence sur la consommation, tandis que certains Suisses ne mangent de la viande qu’en compagnie d’amis», résume Dr Thomas Brunner, enseignant en comportement des consommateurs et responsable du projet. De même, les raisons incitant à manger moins de viande diffèrent: les Vietnamiens se préoccupent principalement de leur santé tandis que les Suisses pensent à la durabilité.

Des mesures fortes sont nécessaires

"Les habitudes alimentaires sont fortement ancrées. Pour les changer, il faut toute une palette de mesures qui ciblent les motifs et les obstacles concrets liés à la consommation des différents groupes. Des variables psychologiques, sociales et culturelles doivent donc aussi être prises en compte si l’on souhaite moins viande dans les assiettes», ajoute Dr Thomas Brunner.

Les auteurs de l’étude sont unanimes: pour parvenir à un changement rapide, on ne peut pas se contenter de tabler sur un renoncement volontaire. Des mesures comme des campagnes d’information permettent de souligner l’importance du sujet, mais elles suffiront à peine pour ramener la consommation de viande à un niveau durable. Mathilde Delley en conclut qu’«il faut des méthodes plus efficaces, comme la promotion des compétences culinaires dans les écoles. Et l’État a également une responsabilité: il peut notamment impliquer les principales parties prenantes comme la restauration collective et y imposer les menus végétariens comme une norme, ou y réduire les portions de viande.»


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