Commerce. L’UE pousse les 27 à valider l’accord avec le Mercosur
La Commission européenne appelle les 27 États membres à approuver rapidement l’accord commercial avec les pays latino-américains du Mercosur. Elle a promis des garanties «robustes» aux agriculteurs.
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ATS-AFP
4 septembre 2025 à 09:39
La France va-t-elle donner son feu vert? La Commission européenne a appelé, mercredi 3 septembre, les 27 à approuver rapidement l’accord commercial avec les pays latino-américains du Mercosur. Elle a promis des garanties «robustes» aux agriculteurs, dont Paris s’est félicité.
Les commissaires européens ont validé en milieu de journée le texte de l’accord, première étape avant de le soumettre aux États membres et aux eurodéputés. Bruxelles espère obtenir leur aval avant fin décembre, tant que le Brésilien Lula occupe la présidence tournante du Mercosur.
Jusqu’ici, la France menait la fronde au sein des 27. Pour la convaincre et rassurer les agriculteurs européens, la Commission promet désormais de compléter l’accord par un «acte juridique» renforçant les mesures de sauvegarde pour «les produits européens sensibles».
«Garanties»
L’exécutif européen s’engage à intervenir en cas d’impact négatif des importations sur certaines filières, comme le bœuf, la volaille, le sucre et l’éthanol. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen affirme avoir «écouté attentivement» agriculteurs et Etats membres. «Nous avons mis en place des garanties encore plus solides, juridiquement contraignantes, pour les rassurer», a-t-elle souligné sur X.
Des mesures immédiatement saluées à Paris. La porte-parole du gouvernement Sophie Primas s’est réjoui que l’UE «ait entendu les réserves» françaises. Le gouvernement a encore «besoin d’analyser cette clause de sauvegarde», a-t-elle nuancé. «S’il y a une réponse technique qui nous donne satisfaction, nous regarderons le texte avec plus de bienveillance. Sinon, nous resterons opposés», a dit le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin.
L’ombre de Trump
Bruxelles ne cesse de marteler la nécessité de diversifier les partenariats avec des «alliés fiables», alors que la concurrence est féroce avec la Chine et que les taxes douanières sur les produits européens augmentent dans les États-Unis de Donald Trump.
Cet accord doit notamment permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes.
Agriculteurs fâchés
Depuis la conclusion des négociations en décembre, les syndicats des agriculteurs de l’UE sont vent debout. Le Copa-Cogeca, lobby agricole européen, a dénoncé «un passage en force politique» de la Commission, «profondément dommageable».
Une mobilisation d’agriculteurs est annoncée ce jeudi à Bruxelles. L’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs, première force syndicale agricole en France, a estimé, elle, que cet accord restait «toxique», et appelé Emmanuel Macron «à honorer sa parole et à exprimer publiquement son opposition claire à cet accord».
Avec des sociaux-démocrates et des Verts, l’eurodéputé centriste Pascal Canfin a lancé quant à lui une initiative transpartisane pour tenter de «suspendre l’adoption» de l’accord, «en l’absence de transparence et de garanties claires».
L’un des sujets sensibles concerne les normes sanitaires et environnementales. Les agriculteurs européens accusent leurs concurrents latino-américains de ne pas respecter les normes de l’UE, faute de contrôles suffisants.
Soutien de l’Allemagne
Mais l’accord avec le Mercosur compte aussi de nombreux partisans en Europe, à commencer par l’Allemagne qui veut offrir de nouveaux débouchés à ses entreprises industrielles. Selon Bruxelles, il permettrait aux exportateurs européens d’économiser plus de 4 milliards d’euros de droits de douane par an en Amérique latine, dans une zone de libre-échange rassemblant 700 millions de consommateurs de part et d’autre de l’Atlantique.
Si la France maintient son opposition à l’accord, elle ne pourra pas le faire capoter seule. Il lui faudrait réunir une «minorité de blocage», soit au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l’UE.
L’ajout de cet «acte juridique» par la Commission mercredi ne nécessite pas de renégociation avec les pays du Mercosur, mais les Européens devront tout de même rassurer leurs partenaires latino-américains, inquiets d’une éventuelle brèche dans l’accord conclu en décembre.