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Grèce. Les agriculteurs en colère bloquent les routes

Les agriculteurs en colère ont maintenu la pression mardi 9 décembre sur le gouvernement grec. Ils ont poursuivi leurs barrages avec plus de 20 000 tracteurs sur les routes du pays après l’occupation des aéroports internationaux de l’île de Crète.

Plus de 20 000 tracteurs sont actuellement déployés sur les principales routes de Grèce.DR

ATS

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Aujourd’hui à 17:23

Temps de lecture : 3 min

"Plus de 20'000 tracteurs (...) peut-être même près de 25'000" sont actuellement déployés sur les principales routes de Grèce, a affirmé à l'AFP Sokratis Alifteiras, vice-président de la Fédération des associations agricoles de Larissa (centre), mardi . "Aujourd'hui, il existe 55 points de blocage dans tout le pays", a-t-il ajouté.

Dans toute la Grèce, éleveurs et agriculteurs réclament le versement de subventions européennes, retardé par un vaste scandale de fraude à ces aides de l'Union européenne qui éclabousse le pays, et tout particulièrement la Crète (sud), depuis le printemps. "Les prix de nos produits sont si humiliants que le coût de production est plus élevé que l'argent que nous gagnons", a expliqué à l'AFP Vaïos Tsiakmakis, un producteur de tabac et de coton, lors d'une manifestation près de la ville de Karditsa (centre).

Toucher le fond

Pour Iordanis Ioannidis, producteur de coton et porte-parole des manifestants dans un rassemblement de tracteurs près de Larissa, le secteur a même touché "le fond". "Il n'y a aucune volonté politique d'aider le secteur primaire", a-t-il fustigé.

Les revendications des agriculteurs relèvent de la "survie", a renchéri un autre agriculteur sur ce même barrage routier, Evripidis Katsaros, assurant que sa production de poires lui coûte 31'000 euros par an et ne lui rapporte que 27'000 euros.

En Crète, l'aéroport international d'Héraklion a pu reprendre ses opérations mardi matin après avoir été occupé par des dizaines d'agriculteurs, ce qui a entraîné des annulations et retards lundi et mardi matin. Des renforts de police ont été envoyés depuis Athènes, selon la télévision publique ERT, après les heurts lundi entre agriculteurs et policiers sur la plus grande île de Grèce.

Les agriculteurs manifestent leur colère depuis la fin novembre et l'autoroute Athènes-Thessalonique est fermée sur certaines portions, selon une porte-parole de la police à l'AFP. Les véhicules sont redirigés sur des routes parallèles. A Karditsa (nord), au coeur de la principale région agricole, l'autoroute était aussi entièrement bloquée par des centaines de tracteurs, selon des images de l'AFPTV.

"Si le gouvernement grec veut vraiment punir ceux qui ont volé (dans le scandale des subventions européennes, ndlr), il doit leur reprendre l'argent et le donner aux vrais agriculteurs", a jugé auprès de l'AFP Kostas Tsoukalas, un producteur de coton de 47 ans, sur un barrage près de Karditsa.

Prison

"Tous ceux qui ont volé doivent aller en prison", a-t-il ajouté. Les agriculteurs ont également décidé de bloquer le port de Volos, dans le centre du pays, mercredi 10 décembre, avec des agriculteurs et des éleveurs pour la mobilisation terrestre et des pêcheurs pour la mobilisation maritime, selon la même source.

Lundi 8 décembre, des dizaines d'agriculteurs avaient attaqué les forces antiémeutes à coups de pierres et de bâtons en Crète. Le gouvernement a promis d'allouer des fonds supplémentaires aux agriculteurs qui subissent en outre cette année la faiblesse des prix de leurs produits, la hausse des coûts de l'énergie et une épidémie dévastatrice de variole ovine.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, mis en difficulté par cette crise, a assuré que le gouvernement était ouvert au dialogue avec les représentants des agriculteurs, tout en les mettant en garde contre des protestations "aveugles".

Le scandale de détournement des aides agricoles européennes n'a cessé de prendre de l'ampleur depuis que le Parquet européen a annoncé en mai mener une enquête. Selon les autorités grecques, ce sont plus de 30 millions d'euros de subventions de la PAC (Politique agricole commune) de l'UE qui auraient été détournés par des personnes réclamant une aide pour des terres qu'elles ne possédaient pas ou exagérant la taille de leurs troupeaux. La procureure en chef du Parquet européen, Laura Kövesi, s'est engagée "à nettoyer les écuries d'Augias".