Logo

Monde

Agrochimie. Bayer n’exclut pas de renoncer au glyphosate

Les nombreux litiges liés au glyphosate placent la multinationale Bayer dans une situation difficile. Le groupe a déjà dû s’acquitter de 11 milliards de dollars pour régler à l’amiable plus de 100 000 procès.

Le géant de l’agrochimie veut se préparer à toutes les éventualités.iStock

ATS

ATS

Aujourd’hui à 13:46, mis à jour à 14:21

Temps de lecture : 2 min

Le chimiste allemand Bayer s’est interrogé sur le futur de la production de Roundup, son herbicide controversé à base de glyphosate, toujours ciblé par une avalanche de procès. «Nous approchons d’un point où 'l’industrie du contentieux' pourrait nous obliger à cesser de vendre ce produit vital» et «devons nous préparer à toutes les éventualités», a souligné Bill Anderson, président du directoire de Bayer, dans un discours lors de l’assemblée générale annuelle.

Concernant les ventes de glyphosate aux États-Unis, il n’y a «pas de plans spécifiques pour abandonner cette activité», a assuré Bill Anderson, président du directoire de Bayer, lors de l’assemblée générale des actionnaires. Mais il s’avère «impossible de continuer à commercialiser le produit de la manière dont nous l’avons fait par le passé, en termes de viabilité financière, en raison des poursuites judiciaires», a-t-il prévenu, interrogé sur ce point par des actionnaires fort critiques.

L’urgence est palpable chez le géant de l’agrochimie, qui promet depuis plusieurs mois de réduire «significativement» les litiges relatifs au glyphosate d’ici la fin 2026. Depuis le rachat de l’américain Monsanto en 2018, le groupe de Leverkusen croule sous le poids de procès aux États-Unis liés au Roundup, célèbre herbicide à base de glyphosate produit par sa filiale et accusé d’être cancérigène. Bayer a déjà dû s’acquitter de 11 milliards de dollars pour régler à l’amiable plus de 100 000 procès, tandis que 67 000 sont toujours pendants devant la justice.

Hostilité des actionnaires

Pour en sortir, le groupe mise sur une décision de la Cour suprême des États-Unis, saisie début avril d’un recours lié au glyphosate. Mais pour se donner une «marge de manœuvre» afin de contenir les litiges, Bayer demande vendredi à ses actionnaires d’approuver une augmentation de capital allant jusqu’à 35%. Annoncée début mars, cette proposition avait mal été reçue par les investisseurs à la Bourse de Francfort, alors que l’action est déjà mal en point. Le titre a reculé de moitié depuis l’arrivée de Bill Anderson à la tête de Bayer en juin 2023.

«Les enjeux sont vraiment importants, pour nous et pour les agriculteurs américains», a insisté le patron américain, se félicitant de succès juridiques récents dans les États de Géorgie et de Dakota du Nord. Le glyphosate «pèse considérablement» sur la marge de la division agrochimie de Bayer, sans compter la concurrence croissance sur ce segment, assurait le PDG dans une interview au Handelsblatt mi-avril.

Depuis deux ans en poste, Bill Anderson fait face à l’hostilité croissante des actionnaires, comme le fonds d’investissement Deka, alors que son contrat court jusqu’en 2026. «Le bilan de votre mandat est désastreux» et Bayer se trouve dans une «impasse stratégique», a déclaré Ingo Speich, représentant du fonds Deka, lors de l’assemblée tenue en mode virtuel.