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Suisse. La croissance rapide de la population de loups a été freinée

L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a dressé un premier bilan des régulations menées du 1er décembre 2023 au 31 janvier 2024 et du 1er septembre 2024 et le 31 janvier 2025. Le nombre de meutes se stabilise, les dommages aux troupeaux diminuent, mais des défis opérationnels persistent.

En Suisse, la croissance rapide de la population de loups a pu être stoppée et le nombre de meutes s’est stabilisé.iStock

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27 mai 2025 à 15:18, mis à jour à 16:45

Temps de lecture : 4 min

Depuis décembre 2023, les cantons suisses ont pu, lors de périodes déterminées, abattre des loups à titre préventif avant qu’ils ne causent des dommages aux troupeaux. Cette mesure s’inscrit dans la nouvelle réglementation sur la chasse et la protection de la faune, révisée par le Parlement fin 2022.

Dans un rapport publié le 26 mai 2025, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) évalue les effets de cette régulation durant les périodes 2023 – 2024 et 2024 – 2025. Sa conclusion: «La croissance rapide de la population de loups en Suisse a pu être stoppée et le nombre de meutes s’est stabilisé.»

Le rapport ne s’adresse pas qu’à l’opinion publique suisse. La Confédération l’envoie également au comité permanent de la Convention de Berne du Conseil de l’Europe. Cette instance avait décidé à la fin de l’an dernier d’ouvrir une enquête sur la politique suisse de tirs de loups.

Elle avait accepté la plainte de deux organisations suisses de protection du loup, CH-Loup et Avenir Loup Lynx Jura (ALLJ). Ce rapport constitue la prise de position de la Confédération dans cette procédure, a déclaré mardi 26 mai la cheffe de la section médias de l’OFEV, Rebekka Reichlin, à Keystone-ATS.

Bilan en chiffres

En 2024-2025, l’OFEV a approuvé le tir d’environ 125 loups. Jusqu’à fin janvier 2025, les cantons ont prélevé 92 loups dans le cadre d’une régulation préventive, c’est-à-dire avant que des dommages ne soient causés, mais aucun dans le cadre d’une régulation réactive. L’OFEV a approuvé le prélèvement de 9 meutes sous certaines conditions. Les cantons avaient justifié toutes leurs demandes par un comportement indésirable de la meute.

D’après les informations fournies par les cantons, 3 meutes pourraient s’être dissoutes à la suite des tirs, indique l’OFEV. Au total, 12 meutes ont été considérées comme discrètes et n’ont fait l’objet d’aucune demande de régulation par les cantons. Au terme de la période de régulation 2024-2025, 36 meutes ont été recensées (25 meutes suisses et 11 meutes transfrontalières).

En 2023-2024, l’OFEV avait autorisé le tir d’environ 100 loups au total. Les cantons en ont prélevé 55 à fin mars 2024: 38 loups dans le cadre d’une régulation préventive et 17 dans le cadre d’une régulation réactive. L’OFEV avait donné son accord pour le prélèvement de 12 meutes entières. D’après les cantons, une seule meute a été éliminée. Au terme de la période de régulation 2023-2024, 35 meutes ont été recensées (25 meutes suisses et 10 meutes transfrontalières).

Avec diligence

La proportion de tirs erronés a été faible durant les deux périodes de régulation. «Cela montre que les cantons agissent avec toute la diligence requise», soulignent les autorités fédérales. Durant ces deux périodes, aucun tir n’a eu lieu en dehors du périmètre de tir autorisé. En 2024-2025, deux géniteurs ont été prélevés lors de régulations partielles n’autorisant pas ce type de tir. En outre, trois lynx un chien de protection des troupeaux ont été tués sur les deux périodes concernées.

Après un pic en 2022, le nombre d’attaques d’animaux de rente a diminué. Les chiffres pour 2024 se situent à nouveau à peu près au niveau de 2021, quand la population de loups comptait 10 à 15 meutes. «Les possibilités accrues d’intervention dans la population de loups et la hausse des moyens financiers alloués à la protection des troupeaux produisent l’effet escompté», assurent les autorités fédérales. Cette évolution s’explique par la régulation proactive, mais aussi par l’augmentation des moyens alloués à la protection des troupeaux (7 millions de francs en 2025).

Une régulation difficile

Le rapport de l’OFEV montre également que l’exécution d’une mesure de régulation est une tâche ardue pour les cantons. L’un des principaux défis qui se posent est le tir dans un contexte social, c’est-à-dire au sein de la meute, effectué pour que les membres survivants apprennent et redeviennent plus craintifs.

Il est également difficile d’identifier les jeunes loups nés dans l’année des autres membres de la meute. Par ailleurs, prélever tous les individus d’une meute se révèle être un défi de taille. La situation est aussi exigeante en ce qui concerne les meutes transfrontalières, étant donné que les prélèvements ne sont autorisés que sur le territoire suisse.

Une espèce protégée

Le loup reste une espèce protégée en Suisse. Sa régulation obéit donc à des règles claires et cible en premier lieu les louveteaux, «le but étant de rendre les adultes et les subadultes de la meute plus craintifs vis-à-vis de l’être humain», précise l’OFEV. «Cette approche permet de préserver les meutes de loups.»

Seules les meutes ayant développé un comportement indésirable qui ne doit pas se transmettre de génération en génération peuvent être prélevées entièrement. La gestion du loup vise ainsi à prévenir efficacement les conflits et à améliorer la coexistence du loup et de l’être humain.