Société. Les défis d’une vie dans un domaine agricole éloigné

Dans les collines verdoyantes du Clos-du-Doubs, loin du tumulte urbain, vit la famille Noirjean. Cindy et Armand, couple d’agriculteurs, exploitent la ferme du Poye sise sur la commune de Saint-Brais (JU), à dix kilomètres de l’école de leur fils.

Face à cet obstacle imprévu, la réactivité est essentielle, en particulier pour les élèves qui risquent d’être en retard à l’école.C. PAPE JUILLARD

Chantal Pape Juillard

17 janvier 2024 à 09:44, mis à jour à 09:54

Temps de lecture : 5 min

Le matin, c’est souvent Cindy Noirjean, la maman, qui prend le volant, pour conduire son fils Patrick, 12 ans, à l’arrêt du bus le menant quotidiennement à l’école. Tous les deux jours, avec son papa, il profite du trajet pour livrer le lait, transformant le véhicule familial en «taxi laitier». Cette routine, loin d’être une corvée, est devenue un rituel précieux. La ferme située à une dizaine de kilomètres du village exige une organisation rigoureuse de chaque membre de la famille. L’agricultrice souligne à quel point il est crucial d’être toujours prête à prendre la voiture. Chaque jour peut être une course contre la montre pour elle, jonglant entre les trajets pour l’école, les déplacements courants et bien sûr les tâches inhérentes à la profession.

Composer avec les imprévus

Leur voisine, mère de famille, joue également un rôle important. Chez elle, Patrick trouve une seconde maison, un refuge pour les quelques occasions où ses parents ne peuvent pas être là pour le récupérer. Cette entraide est un pilier de leur vie communautaire. À Saint-Ursanne, une innovation récente soulage les familles comme les Noirjean: une cantine accueille désormais les élèves le midi, une bénédiction pour ceux qui ne sont pas en mesure de rentrer chez eux. D’autant que la vie en milieu rural s’avère souvent imprévisible. Routes partiellement goudronnées, arbres obstruant le chemin ou rivières débordantes, sont autant de défis à surmonter. Et en hiver, ce sont les parents qui sont chargés de dégager la neige. Mais Patrick, apprenant la débrouillardise dès son plus jeune âge, ne se plaint pas de ces aléas et les trajets sont devenus pour lui une sorte d’école de la vie.