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Le millet avait presque disparu, mais revient timidement dans la campagne


Culture marginale, le millet ne demande pourtant que peu d’interventions et il est peu sensible aux maladies et ravageurs. Son utilisation dans l’alimentation intéresse de plus en plus de monde.


Dossiermillet_2417


Les surfaces de millet augmentent progressivement en Suisse. En 2017, 160 ha bio ont été mis en place. Il n’y a pratiquement pas de production conventionnelle. La culture est assez intéressante au niveau de son itinéraire cultural puisqu’elle est peu exigeante, peu gourmande en intrants et adaptée à une production extensive, peu sensible aux maladies et ravageurs et mieux adaptée à la sécheresse.

 

Jean-Noé Morier-Genoud et sa femme Anne ont fait le pari de mettre en place plusieurs cultures encore peu répandues dans les campagnes suisses. Leur exploitation à Boudry (NE) compte 36 hectares, dont 17 de grandes cultures: blé (7 ha), millet (4 ha), tournesol pour la production de graines (3 ha), ainsi que 3 ha de lentilles associées (1 ha avec du lin, 1 ha avec de la caméline et 1 ha avec de l’orge). Le sarrasin fera peut-être bientôt son apparition sur leur exploitation. «Nous cherchons à diversifier notre production afin de pouvoir commercialiser nos produits sur la ferme», explique Jean-Noé Morier-Genoud.

 

Le désherbage, un point critique

L’agriculteur n’a pas encore d’expérience avec le millet puisqu’il débute la production cette année. Le semis s’est fait le 17 mai, dans une terre plutôt argileuse qui lui convient bien. «Il est important que la culture démarre vite afin qu’elle puisse couvrir le sol le plus rapidement possible», dit Jean-Noé Morier-Genoud. Le millet est très peu exigeant et ne demande pas beaucoup de travail, mais le désherbage est un point critique qu’il faut maîtriser. En effet, la plante est très peu concurrentielle jusqu’au stade 5 feuilles et il est notamment possible de se faire dépasser. Un passage de herse étrille a été effectué en prélevée le 22 mai. Aujourd’hui, la culture est plutôt propre et le producteur ne pense pas faire de second passage. «Les mauvaises herbes que l’on voit ne sont pas problématiques pour le millet», précise-t-il. «Le plus important est vraiment d’avoir une parcelle propre au printemps, avant la mise en place.» La céréale convient très bien aux fins de rotation. Ainsi, si la culture est trop sale en fin de saison, l’agriculteur prévoit de mettre en place une prairie.

 

Le millet apprécie un peu d’azote. L’année dernière, il y avait un mélange de pois-orge sur la parcelle. Aucun autre apport de fumure n’a été apporté. Plus d’informations sur la conduite de la culture dans l’article ci-dessous.

 

Gérer la production

L’exploitation est labellisée bio depuis trois ans et elle est actuellement en reconversion Déméter. Le millet est produit sous contrat avec la coopérative Biofarm, qui se charge de prendre contact avec les centres collecteurs. Jean-Noé Morier-Genoud souhaiterait garder une partie de sa récolte. Toutefois, il ne sait pas encore comment procéder avec le décorticage. L’exploitation est équipée d’un petit séchoir. La famille s’occupe déjà de la récolte des lentilles. Ces dernières sont nettoyées, séchées et conservées sur la ferme. Le tri se fait par contre chez d’autres producteurs. A terme, l’idée des Morier-Genoud serait de gérer eux-mêmes toutes les étapes qui suivent la récolte, jusqu’à la commercialisation. En effectuant la plupart des travaux puis en collaborant avec des gens qui se sont équipés de machines spécifiques. «Il y a beaucoup de passage devant notre exploitation et nous remarquons que si nous mettons des choses à vendre, elles partent. Mais pour l’instant, la commercialisation est encore une inconnue», précise l’agriculteur.
Sarah Deillon, 16 juin 2017
(Photo: Agroscope)
 
 
UNE CULTURE TRÈS PEU EXIGEANTE
Le millet possède plusieurs atouts, notamment celui d’être peu exigeant. Présentation de son itinéraire cultural.
    
     Mise en place
La période du semis s’étend du 20 mai à mi-juin. Il est réalisé avec un semoir à céréales ou de précision, dans un lit de semences relativement fin et bien rappuyé, à une profondeur de 1,5 à 2 cm et à une densité de 500 grains/m2. Il est recommandé de rouler la parcelle afin de favoriser une levée rapide de la culture. Le millet est sensible aux sols tassés. En présence de sols compactés, un labour est donc recommandé. S’il précède du blé, un labour devrait aussi être pratiqué afin d’éviter de transmettre la fusariose.
    
     Fumure
Le millet a besoin d’environ 60 à 80 kg d’azote par hectare, 60 kg de phosphore et 90 kg de potassium. La culture extensive est sensible aux apports d’azote trop importants (plus de 90 kg/ha); elle reste verte et a tendance à verser. Il faut fractionner les apports: la moitié deux semaines avant le semis, le reste deux à trois semaines après le semis.
  
     Désherbage
Le désherbage est le point le plus critique. Le millet est peu concurrentiel jusqu’à 5 feuilles, il est donc impératif de garder la parcelle propre jusqu’à ce stade. Pour ce faire: éviter de placer un millet après du maïs (même flore adventice), opter pour une parcelle propre au printemps, effectuer un premier passage de herse étrille en prélevée et un deuxième si nécessaire avant le stade 6 feuilles, ou utiliser une sarcleuse à socs entre les stades 3 et 6 feuilles puis dès 8 feuilles. Il faut être attentif aux mauvaises herbes d’été: amarantes, morelle noire, chénopodes, renouées, datura stramoine, ambroisie à feuille d’armoise et les millets (panic pied-de-coq par exemple). Le Datura stramoine contient des alcaloïdes toxiques pour les hommes et les animaux.
    
     Maladies et ravageurs
Il n’y a pas de maladie d’importance connue en Suisse. Quant aux ravageurs, des dégâts sont possibles par la pyrale du maïs, la mouche du semis, le ver fil de fer et la larve du hanneton. En plus du maïs, il faut éviter aussi la prairie comme précédent cultural.
    
     Récolte
La récolte a lieu de mi-août à mi-septembre. Le «bon» moment est difficile à définir car la maturité est un peu étalée. De plus, les feuilles restent un peu vertes, contrairement au blé. Le rendement est de 25 à 40 dt/ha. La culture est récolée à un taux d’humidité de 15 à 20%, puis séchée à 13%.
SD, 16 juin 2017
 
 
GRAINE, FLOCON, SEMOULE OU FARINE

Au début du XIXe siècle, la culture du millet était très répandue, mais elle a progressivement été remplacée par des cultures plus productives. Aujourd’hui, le millet reprend un peu de vigueur, notamment grâce à Biofarm qui a commencé à s’y intéresser il y a une douzaine d’années. «Mais la production est longtemps restée modeste (moins de 30 ha) car l’ensemble de la production était écoulé dans les magasins bio», explique Hans-Georg Kessler, chef de la division agriculture chez Biofarm. Avec l’intérêt des grands distributeurs pour du millet indigène, les surfaces ont pu augmenter. Ainsi, la coopérative en a commercialisé 60 ha en 2016 et pour 2017, 160 ha sont prévus. «L’intérêt de Biofarm est d’offrir une opportunité aux producteurs d’agrandir leur diversité de cultures et de pouvoir cultiver une ancienne culture aux propriétés agronomiques intéressantes», relève le spécialiste. Mais pour pouvoir proposer du millet en Suisse, il a fallu aller chercher des variétés russes qui ont été testées par la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, et plus tard par Agroscope.

Le rendement moyen est à 23-25 dt/ha de graines non décortiquées en bio (jusqu’à 35 dt/ha en bonnes conditions). A la transformation, le rendement se monte à environ 60% de graines décortiquées. Le prix au producteur est à 170 fr./dt. «L’intérêt des grands distributeurs pour du millet suisse ne vient probablement pas que d’une envie de Swissness, mais aussi parce que le risque d’avoir des alcaloïdes tropaniques dans le millet suisse est plus faible que dans du millet importé», estime Hans-Georg Kessler.

Aujourd’hui, le millet est entièrement utilisé comme aliment. Il est décortiqué dans des moulins spécialisés et vendu sous forme de graines entières, flocons ou semoule. Biofarm propose également une farine complète, qui correspond à une mouture des graines non décortiquées. Le millet présente l’avantage de ne pas contenir de gluten pour les personnes intolérantes. Sa teneur élevée en silices intéresse aussi les consommateurs. La culture pourrait aussi être affouragée, mais son faible rendement n’en fait pas une culture suffisamment rentable.
SD, 16 juin 2017

 

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