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Le désherbage électrique pourrait devenir une alternative au glyphosate


La technique agricole évolue constamment. Une entreprise allemande développe une machine capable de désherber électriquement, sans produit chimique. En première suisse, une démonstration a eu lieu le 7 juin dernier.


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Une décharge électrique de 5000 à 15 000 volts. C’est le traitement imposé aux plantes touchées par le prototype de désherbage électrique développé par Zasso, une Sàrl allemande. Présentée en première suisse lors d’une visite de culture organisée par Swiss No-till le 7 juin dernier à Biezwil (SO), la machine se compose d’un générateur à l’arrière du tracteur et d’applicateurs métalliques montés sur l’attelage trois points frontal.

Les vaisseaux des plantes détruits
Lorsque la machine fonctionne, les applicateurs sont abaissés de façon à entrer en contact avec le maximum de mauvaises herbes. Les adventices touchées par les applicateurs sont traversées par des décharges électriques à haute tension. Il est possible d’observer de faibles dégagements de vapeur et de percevoir une légère odeur âcre de brûlé. «Le courant électrique fait éclater les vaisseaux des plantes. Ces dernières meurent donc rapidement. L’herbe traitée peut prendre très rapidement une teinte légèrement plus foncée», a expliqué Matthias Eberius, directeur scientifique de Zasso.

Seules les herbes touchées par la première rangée d’applicateurs meurent. Il est donc important de veiller à ce que toutes les herbes entrent en contact avec la machine. Une vitesse de traitement réduite permet de toucher aussi les plus petites herbes et donc d’améliorer la durée d’efficacité du désherbage. A noter que les applicateurs peuvent être disposés pour effectuer un traitement de surface, par exemple pour remplacer un traitement au glyphosate avant semis, ou pour désherber l’interrang dans certaines cultures.

Un circuit fermé
Relié à la prise de force arrière du tracteur, le générateur produit d’abord du courant alternatif, qui est ensuite transformé courant continu. Avec une fréquence de 15 000 hertz, un courant de faible intensité – environ 0,2 ampère – est acheminé dans la première rangée d’applicateurs. Ce courant traverse alors les plantes indésirables, passe par le sol, remonte dans la deuxième rangée d’applicateurs avant de retourner au générateur et de boucler ainsi le circuit électrique.

En ce qui concerne la consommation en carburant du tracteur, elle est estimée à quelque 30 litres par hectare traité.

Une technique importée du Brésil
Le procédé du désherbage électrique n’est pas complètement nouveau. Au Brésil, il est utilisé depuis de nombreuses années, notamment dans les plantations forestières de bois labellisé FSC, qui nécessite de trouver des alternatives aux herbicides chimiques. Dans ce pays d’Amérique du Sud, l’utilisation de glyphosate est de plus en plus remise en question. Le désherbage électrique y est donc fréquent pour nettoyer les parcelles avant d’y effectuer des semis sans labour, pour désherber entre les lignes de soja. Même les voiries s’y mettent.

«La composition du sol en Europe diffère beaucoup de celle qu’on trouve au Brésil. La teneur en humus est très différente, tout comme la conductivité électrique du sol», a précisé Matthias Eberius. «Nous ne pouvons pas simplement employer les machines qu’ils utilisent. Il est nécessaire d’adapter cette technologie aux conditions européennes. C’est pour cela que nous développons des prototypes.»

Sécurité des hommes et de la faune du sol
Une tension de 5000 à 15 000 volts peut s’avérer mortelle pour l’être humain. Le développement de la machine doit donc tenir compte des éventuels dangers pour la sécurité des utilisateurs. «Appliquer une faible intensité (0,2 ampère), compensée par une haute fréquence (15 000 hz), permet de limiter les risques», a expliqué Matthias Eberius. «Les deux rangées d’applicateurs fonctionnent comme deux pôles. La diffusion du courant dans le sol est donc relativement faible et la zone dangereuse est limitée.»

Selon le cadre de l’entreprise Zasso, l’impact sur la faune du sol est également négligeable. La faible intensité du courant, couplée au fait que la section du conducteur «sol» est importante, réduit les risques encourus par les micro-organismes du sol. «Au Brésil, aucun effet négatif sur le sol n’a été observé. Mais il n’y a pas eu d’études écotoxicologiques non plus», a avoué Matthias Eberius.

Vers une solution contre les résistances
L’entreprise Zasso collabore également avec l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) pour mener diverses recherches. Les études visent non seulement à étudier l’impact du désherbage électrique sur le sol, mais aussi à ajuster les différents paramètres possibles. Un essai sera également mis en place pour estimer du potentiel du désherbage électrique contre le souchet comestible.

Pour Matthias Eberius, «le désherbage électrique n’est pas la solution à tous les problèmes, mais cette technique peut s’avérer intéressante pour réduire l’utilisation d’herbicides et pour lutter contre les plantes résistantes».

Vincent Gremaud, 14 juillet 2017

 

 

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