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Un regain d’intérêt pour le bois énergie


Les installations de chauffage au bois sont en augmentation depuis quelque temps. En fin d’année dernière, le marché des bûches a été pris d’assaut mais la situation se normalise aujourd’hui.


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Les propriétaires sont nombreux à privilégier le bois dorénavant pour leurs installations de chauffage. Le bois énergie comprend trois types de produits: la bûche, le bois déchiqueté (appelé aussi copeaux ou plaquettes forestières) et les pellets. La consommation de plaquettes forestières et pellets augmente régulièrement depuis quelques années car les installations présentent l’avantage d’être automatiques. En parallèle, l’emploi des bûches a connu une décroissance avant de se stabiliser. Elles restent recherchées par les particuliers et les amateurs de circuits courts, avant tout pour des structures d’appoint ou d’agrément.
 
Stocks écoulés
Suite aux annonces l’été et l’automne dernier de potentielles pénuries de gaz pour cet hiver 2022-2023, le bois énergie a connu un vif regain d’intérêt. Comme il n’est pas possible de concevoir une nouvelle installation de chauffage au bois en quelques mois, c’est sur les bûches que les gens se sont rués. Ces six derniers mois, la demande a doublé, voire triplé. «Pendant un moment, c’était la panique chez les fournisseurs de bois. Des groupements forestiers et plusieurs producteurs privés ont écoulé l’entier de leur stock en un rien de temps», indique Richard Golay, responsable de l’antenne romande d’Energie-bois Suisse.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la crise qui a été vécue: de nombreux nouveaux clients se sont annoncés et parmi les acheteurs déjà établis certains ont commandé parfois nettement plus que d’habitude. De plus, il n’est pas possible de recréer rapidement du stock puisque le bois doit avoir séché suffisamment longtemps pour donner un produit de qualité. Dans le milieu forestier, on s’accorde à dire que tout ne sera pas brûlé cet hiver et que les ventes seront probablement un peu moins importantes en 2023.
 
Reflet de l’Europe
Les bûches et les plaquettes forestières sont essentiellement des ressources locales alors que les pellets proviennent en partie de l’importation (30%). Les prix pour ce dernier secteur du bois énergie sont ainsi influencés par l’Europe et, depuis un peu plus d’un an, la hausse est fulgurante. Le tarif a augmenté une première fois de 50% entre fin 2021 et début 2022 puis une seconde fois de 50% entre l’été et l’automne 2022. Cela s’explique par la guerre en Ukraine mais aussi par une demande plus forte pour ce type de combustible (bois dense et de qualité régulière). «La stabilité du prix est en principe l’atout du bois énergie en comparaison au mazout mais cet argument n’a pas pu se vérifier avec les pellets cette dernière année. Le prix commence à redescendre maintenant mais n’atteindra probablement pas le niveau d’avant la crise vu le succès de cette solution de chauffage», estime Richard Golay.
 
Adaptation du prix au coût de la vie
L’utilisation des plaquettes est plus réservée aux installations de chauffage des grands bâtiments et aux centrales de chauffage à distance. Comme pour les pellets, la demande et le prix ont évolué. «Mais le prix des plaquettes forestières n’est pas dépendant de l’étranger, c’est surtout les coûts de production suisses qui dictent son évolution. Or, ces derniers ont augmenté de 10% cette année pour répondre à la hausse du coût de la vie et du diesel», explique Richard Golay. Pour les bûches, l’augmentation est un peu plus élevée (environ 15%) car la logistique est considérée comme étant plus lourde que pour le bois déchiqueté.

Et quid du prix sur le terrain? Des disparités importantes sont constatées selon le lieu d’exploitation et l’essence du bois mais la hausse des coûts d’exploitation n’empêche pas une croissance du bénéfice pour les propriétaires. «C’est une situation nouvelle dans le domaine du bois énergie, qui concerne en particulier le bois dur comme le foyard (hêtre)», souligne le spécialiste qui aimerait rendre attentifs les propriétaires forestiers au fait que la demande en plaquettes est élevée. «De nombreuses micro surfaces forestières ne sont pas exploitées. Avec des prix qui deviennent intéressants, les propriétaires devraient se renseigner auprès des groupements forestiers et envisager des coupes».
 
Un potentiel atteint
Le milieu forestier se réjouit de ce regain d’intérêt pour le bois. Toutefois, il est important de préciser qu’il ne s’agit pas d’une ressource illimitée et que le potentiel durable est atteint ou proche de l’être dans certaines régions. En Suisse, la moitié de l’accroissement naturel des forêts est actuellement exploitée, soit 5 millions de mètres cubes. Cela concerne tous les secteurs confondus: bois énergie, industrie, bois de service. La limite supérieure d’exploitation se situe à 7 ou 8 millions de mètres cubes, il reste donc de la marge mais pas partout. Des zones en plaine par exemple ont déjà atteint leur limite.
«Dans les secteurs où nous atteignons l’accroissement naturel, nous ne pourrons pas aller au-delà. C’est une nouvelle donne avec laquelle nous allons devoir composer. Ce sont de petits indicateurs pour nous, des appels à la prudence. Attention, ici nous ne pourrons plus faire un gros réseau de chauffage à bois par exemple», souligne Richard Golay. Le bois énergie, s’il augmente davantage, empiétera forcément sur la part de bois service ou industrie.
Sarah Deillon, 27 janvier 2023

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UNE DEMANDE AUTOMNALE DEMESUREE

La société MBX SA travaux agricoles et forestiers est née de la demande en travaux de deux puis quatre domaines agricoles actifs dans les grandes cultures à Genève. Les 4 exploitants ont toujours eu une petite activité forestière (utilisation privée) en parallèle à l’agriculture. Après le passage de Lothar en 1999 et avec l’augmentation des chauffages à plaquettes, ils ont décidé de collaborer et de développer leur offre forestière.

Ils ont débuté avec l’abattage, le débardage et le commerce du bois pour des propriétaires des environs et de la commune de Veyrier (trentaine de propriétaires). Par la suite, ils ont ajouté la vente de bûches. «Des promeneurs nous accostaient en forêt mais nous n’avions rien à leur vendre. Ajouter les bûches à notre assortiment nous a permis d’établir un contact entre les propriétaires et les clients», explique Lionel Bidaux. La société a encore développé une offre d’aide à la conception de chaudières depuis deux ans, notamment en association avec des chauffagistes traditionnels qui ne disposent pas forcément de toutes les connaissances nécessaires dans le domaine du bois énergie.
 
Du bois sans cheminée
La production de bûches (environ 100 stères) est anecdotique pour MBX SA qui commercialise avant tout des plaquettes. Mais l’automne dernier, la société a dû faire face à une demande démesurée. «Chaque fois que Guy Parmelin parlait de pénurie, on nous téléphonait le lendemain, c’était vraiment particulier. Nous avons même reçu une demande d’une personne qui ne possède pas de cheminée», rigole Lionel Bidaux.

Alors que les ventes débutent généralement en septembre ou aux premiers froids, les appels ont commencé à arriver déjà en mai. Et pendant l’automne, le producteur a dû limiter un moment la vente à leurs clients réguliers avant de pouvoir rouvrir à d’autres acheteurs. «La situation n’était pas vraiment agréable car les gens étaient réellement inquiets. Ils attendaient qu’on les livre rapidement et prenaient en plus des quantités insensées. Parfois, nous avons essayé de dire que c’était trop mais eux pensaient autrement. Nous avons dû mettre des gens sur liste d’attente mais ils voulaient la marchandise de suite et quand on les rappelait quelque temps plus tard, ils avaient trouvé du bois ailleurs», précise l’agriculteur. Il pense toutefois qu’il y aura un contrecoup l’année prochaine car tout ne sera probablement pas brûlé cet hiver.
 
Hausse bien comprise
La société a augmenté ses tarifs. Pour les bûches, elle a tablé sur une hausse du coût de production de l’ordre de 10%. Pour les plaquettes, elle utilise l’index d’Energie bois suisse qui prévoit un contrat au kw de chaleur produite. «Cela faisait vingt ans que cela n’avait pas augmenté. Mais les clients comprennent bien la hausse et ne remettent pas le prix en question. Beaucoup de particuliers ont une chaudière à gaz de secours et savent ce que coûte le gaz en ce moment. Cette augmentation leur paraît normale», relève Lionel Bidaux.

Si la demande a été forte cette dernière année pour les bûches, le producteur pense que cette année, ce sera plutôt pour les plaquettes qu’il faudra attendre une augmentation de la demande car les projets pour de nouvelles installations de chauffage se multiplient. 
SD, 27 janvier 2023

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SECHER UNE PARTIE DU BOIS

L’entreprise Chenuz bois de feu Sàrl vend près de 10 000 stères par an auprès de grossistes et particuliers. L’année dernière, elle n’a pas échappé à la situation particulière qu’a connu le marché du bois. «Nous aurions pu vendre à d’autres grossistes des centaines de stères de plus que les années précédentes, mais notre stock ne nous le permettait pas. Nous sommes parvenus à honorer toutes les commandes de notre clientèle de privés mais c’était la limite», témoigne Olivier Chenuz qui ajoute: «Certains clients qui nous prenaient 1 à 2 stères par hiver ont demandé jusqu’au triple. Les gens se sont créé une sorte d’assurance chauffage dans leur garage. Et ils commandaient alors que nous étions en pleine canicule».

En plus de ses stocks, l’entreprise a dû acheter une petite quantité supplémentaire à d’autres marchands pour répondre à la demande. Elle pourra certainement avoir tout l’hiver du bois sec pour sa clientèle privée grâce à son système permettant de sécher du bois artificiellement (en utilisant de l’énergie résiduelle d’installations de biogaz). «Il ne s’agit toutefois pas d’une production supplémentaire, c’est notre stock que nous utilisons plus vite.»

La firme a dû ajuster ses tarifs pour répondre à la hausse des coûts de production (diesel, ferraille, big-bags, etc.). Sur un prix de 150 fr., elle a ajouté 20 francs. «Avec cette hausse de 13%, nous avons réadapté le prix d’achat du bois pour que le producteur y gagne aussi ou qu’il ne perde plus», indique Olivier Chenuz.
SD, 27 janvier 2023
 

 

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