Une aide financière pour s'équiper avec des freins à air
La Cuma de Courcelon (JU) a décidé d’équiper toutes ses machines avec des freins à air. Pour que les exploitants puissent toujours les utiliser, la société a choisi de les aider financièrement ou de proposer un tracteur en location.
Dans les exploitations agricoles, les freins pneumatiques commencent à se répandre. Leur développement répond aux directives européennes qui imposent depuis le 1er février 2018 (en Suisse) que les tracteurs neufs soient équipés d’un double circuit de freinage, hydraulique ou pneumatique. Pour les remorques, de transport ou de travail, la même exigence a été prononcée à partir du 1er mai 2019.
Au sein de la Cuma de Courcelon, la problématique a été prise au sérieux et les membres ont choisi d’uniformiser leurs équipements. Comme aucun ne disposait d’un double circuit hydraulique, il a été décidé de faire la transition vers les freins pneumatiques. Au fur et à mesure que les machines devront être changées, elles seront réintroduites avec un système de freins à air. L’épandeuse à compost Strautmann est la première à connaître ce sort et son remplacement est imminent. «Nous avons pris cette décision car nous pensions qu’il était important que ce soit harmonisé chez tous les membres. Et puis, nous estimons qu’il s’agit d’une solution d’avenir car le milieu professionnel fonctionne ainsi déjà depuis un moment. En termes de coûts, nous avons pu constater que cela nous revenait également moins cher de partir sur des freins à air», explique Damien Fleury, agriculteur à Courcelon et président de la Cuma.
Solution alternative Lors de sa création il y a vingt-quatre ans, la Cuma proposait une bossette à lisier, une épandeuse à fumier et un rouleau. Elle compte aujourd’hui une grande diversité de machines. La société procède régulièrement à des analyses de son parc machines et remplace un outil sitôt qu’il commence à coûter trop cher ou qu’il ne répond plus aux normes ou à l’aspect sécuritaire. Un agriculteur du village se charge de l’entretien et des réservations. Il est payé à l’heure et doit répondre à un cahier des charges, comme de laver les machines au moins une fois par an.
Ils sont actuellement 20 membres et les domaines comptent en moyenne 25 à 30 hectares. «Presque tous les exploitants ont également du bétail et leur tracteur est souvent d’abord utilisé pour la ferme avant d’être un véhicule de terrain. Certains collègues ne vont dès lors pas équiper leur tracteur avec des freins à air», relève Damien Fleury. C’est pourquoi la Cuma a choisi d’acheter un John Deere 6155 M de 160 CV et de le proposer à la location (48 fr./h hors taxes), pour les membres comme pour les personnes externes. «Il est arrivé le vendredi 6 mai et la première semaine, il était déjà occupé tous les jours pour les travaux de fenaison», se réjouit le président.
Le comité a estimé qu’il fallait environ 6500 fr. pour équiper un tracteur avec des freins pneumatiques et la Cuma a choisi de verser une subvention de 2000 fr. par sociétaire pour les aider à faire cette transition ou pour contribuer à l’achat d’un nouveau véhicule. Les rares exploitants qui disposaient déjà de freins pneumatiques pourront également prétendre à ce montant.
Pour financer cette prestation, la Cuma dispose de plusieurs ressources: des fonds propres, des crédits d’investissement, des prêts sans intérêts. En participant aux programmes «Terre vivante» ou «Sol, air, eau», elle profite aussi d’aides financières pour l’achat de certaines machines. Les membres paient une taxe d’entrée de 1000 fr. et une part sociale, transmissible d’une génération à l’autre, de 2000 francs. Sarah Deillon, 27 mai 2022
____________________ C'EST VOUS QUI LE DITES
Quelle est votre opinion sur l’utilisation des freins pneumatiques?
Jean-Marc Fragnière Entreprise de travaux agricoles ETA Fragnière Sàrl, Estavayer-le-Gibloux (FR) «Les premiers tracteurs de mon entreprise ont été équipés il y a déjà quinze à vingt ans avec des freins pneumatiques. Et depuis dix ans, toutes les machines qui entrent sur l’exploitation sont également équipées de freins à air. Je suis vraiment satisfait et je ne reviendrai surtout pas en arrière. En comparaison au système hydraulique, je ne vois que des avantages. Il n’y a pas de problèmes de pression lorsque l’on accouple ou découple une machine, l’engin est freiné sitôt qu’il est retiré du tracteur et puis c’est beaucoup plus propre! Il faut ajouter du liquide antigel en hiver et ce pourrait être le seul inconvénient mais au final, ce n’est pas un vrai désavantage car pour le système hydraulique c’est de l’huile qu’il faut ajouter pour que cela fonctionne. Pour moi, ces freins à air sont pratiques, sécuritaires et propres. En cas de panne, on entend une petite fuite mais on peut colmater le tuyau et rentrer réparer. Une panne avec un circuit hydraulique se remarque moins vite et nous avons le temps de crépir la route et ce qui nous entoure. Et je constate que ce circuit d’air peut rendre d’autres services, directement au champ, comme de souffler un radiateur qui s’encrasse lors des foins ou de regonfler un pneu.» Philippe Chevillat Gérant de la section du Jura de l’Association suisse pour l’équipement technique de l’agriculture (ASETA) «Pour moi les freins pneumatiques représentent la solution d’avenir. Les avantages sont nombreux par rapport aux systèmes hydrauliques. Ils sont plus souples d’utilisation, permettent de mieux doser le freinage et sont de ce fait moins brusques que les freins hydrauliques. J’estime que les freins à air, extrêmement puissants, sont aussi supérieurs au niveau du freinage. Un convoi agricole peut atteindre 40 tonnes et doit pouvoir se stopper en 4 secondes, il faut assurer une certaine capacité de freinage! Je noterai encore que l’utilisation est facilitée puisqu’il n’est plus question de gestion de la pression au moment d’accoupler ou découpler un engin. Quant à l’entretien, il se résume à un apport de liquide antigel pour prévenir la rouille lors de la période hivernale. Sans oublier un potentiel gain pour la nature car, en cas de rupture de la conduite, c’est de l’air qui s’échappe et non de l’huile qui part dans l’environnement. Il existe encore beaucoup d’anciens tracteurs dans les fermes et il faut un investissement de base important pour pouvoir adapter son tracteur et ses machines mais une fois que tout le monde sera équipé, ce sera beaucoup plus simple.» SD, 27 mai 2022
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