Les faucheuses à barre de coupe retrouvent leur place dans les prairies
Véritables alternatives à une mécanisation de fauche lourde, la barre de coupe à double lame regagne peu à peu du terrain. Les modèles récents offrent une vitesse de chantier appréciable et une excellente qualité de travail.
Supplantées ces dernières décennies par les faucheuses rotatives à lamier ou à tambour, les faucheuses à barre de coupe font un retour remarqué dans les prairies depuis quelques années. Avec le développement de modèles de grande largeur, les doubles lames tiennent désormais la comparaison avec les rotatives en termes de vitesse de chantier. Disponibles en version frontale, arrière, latérale ou papillon chez plusieurs constructeurs, les barres de coupe peuvent travailler sur des largeurs de 7 à 10,5 m, voire 12 m. Avec de telles machines fauchent, il est possible de faucher jusqu’à 8 ha/h.
Double lame ou contre-couteaux Les barres de coupe peuvent être composées d’une seule lame oscillante. Dans ce cas, un contre-couteau est nécessaire. Il s’agit soit de couteaux fixes, soit de doigts doubles, souvent animés. Les modèles à lame simple se distinguent par leur robustesse, mais ne tolèrent des vitesses de travail que jusqu’à 5 km/h.
Les peignes à double lame sont constitués de deux couteaux animés d’un mouvement oscillant et opposé. Ces systèmes n’ont pas besoin de contre-couteaux. Ils sont adaptés aux conditions difficiles et permettent de faucher à une vitesse pouvant atteindre jusqu’à 12 km/h.
Légères et nécessitant peu de puissance Le faible poids d’une faucheuse à double lame représente un très grand avantage pour la fauche des prairies. Cela permet non seulement de ménager les sols en exerçant sur eux une pression réduite, mais aussi de réduire la consommation de carburant. L’économie est d’autant plus grande que l’on peut utiliser, avec ces systèmes, des tracteurs moins puissants, plus légers, voire un tracteur électrique. Les faucheuses à barre de coupe disposent généralement d’un circuit hydraulique indépendant. L’entraînement par la prise de force de ces machines peut être réalisé à un régime moteur très bas.
A la prise de force, une puissance entre 2 et 2,5 CV par mètre de largeur de la barre de coupe suffit. A titre de comparaison, la puissance minimale des faucheuses rotatives à disques ou à tambours est 4 à 5 fois plus grande. Même pour une double lame de grande largeur, un tracteur de 80 CV s’avère suffisant.
L’écartement différent entre les lames des couteaux inférieurs et supérieurs du lamier Bidux réduit encore l’effort nécessaire pour la coupe et assure un fonctionnement efficace et régulier
Un travail propre Bien affûtées, les barres de coupe sectionnent l’herbe de façon nette. Le fourrage est déposé sur toute la largeur de travail, sans former d’andain derrière la faucheuse. Ainsi, les plantes sont mieux réparties et sèchent plus rapidement, même sans intervention avec une pirouette.
Lorsque la faucheuse rencontre une taupinière, le peigne la traverse sans pour autant disperser la terre dans le fourrage. Cela limite les souillures et permet de produire des fourrages propres, de qualité, tant pour l’ensilage que pour une conservation en sec.
La qualité du fourrage est aussi déterminée par la hauteur de coupe. Avec une fauche relativement haute, à 7 à 8 cm, les souillures sont moindres et la repousse de l’herbe est favorisée.
La géométrie des machines assure un bon suivi du terrain. En cas de collision, des systèmes de déclenchement automatique limitent les casses potentielles sur les barres de coupe. De plus, un mécanisme d’arrêt des lames lors d’un blocage par un corps étranger permet d’éviter de briser des couteaux.
Par rapport aux rotatives, surtout si ces dernières sont équipées d’un conditionneur, les faucheuses à double lame préservent les insectes et la petite faune des prairies. Les amphibiens sont par exemple deux fois plus nombreux à survivre avec ce système.
Confort d’utilisation et polyvalence Un compteur affiche la vitesse des couteaux sur un boîtier dans la cabine et aide à trouver la vitesse d’avancement optimale pour un fonctionnement correct de la machine. Les modèles les plus perfectionnés disposent d’une surveillance numérique de la vitesse d’entraînement des lames et de commandes via un terminal dans la cabine. Des fonctions automatiques pour les manœuvres en bout de champ facilitent l’utilisation et améliorent le confort de l’opérateur. De plus, la visibilité sur la barre de coupe d’une machine frontale est excellente.
Les faucheuses à barre de coupe peuvent également être employées pour écimer des cultures ou pour faucher les adventices dépassant les feuilles des betteraves.
Affûtages réguliers Le système de faucheuse à double lame fonctionne parfaitement aussi dans les terrains moins faciles et les pentes.
Avec des couteaux bien aiguisés, les bourrages sont en principe évités sauf, parfois, sur les bords de la barre de coupe, notamment lorsque l’herbe fauchée est jeune. Il suffit alors généralement de reculer d’un mètre avant de repartir.
Il est capital que les couteaux soient toujours bien affûtés. Pour cela il est habituellement recommandé de disposer d’au moins deux jeux complets de couteaux par barre de coupe.
Suivant le stade de l’herbe, la présence de taupinières et de pierres, l’intervalle entre deux affûtages varie du simple au triple. Il est difficile de chiffrer la surface de fauche possible avant de devoir changer les couteaux, mais une moyenne de 30 ha semble réaliste.
Il est vivement déconseillé de procéder à des affûtages manuels. Il existe des systèmes d’aiguisage semi-automatiques ou des automates d’affûtage. Vincent Gremaud, 25 novembre 2022.
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