Une rampe d’épandage sans broyeur qui ne requiert que peu d’entretien
Alors que de nombreux agriculteurs cherchent encore à s’équiper avant l’entrée en vigueur, en 2024, de l’obligation d’utiliser des pendillards, Pascal et François Monney, de Corpataux (FR), ont choisi le système Schleppfix.
Il reste maintenant moins d’un an pour ceux qui ne sont pas encore équipés d’un pendillard pour trouver une solution pour épandre leur lisier. Dès l’an prochain, l’Ordonnance sur la protection de l’air (OPair) exigera que les exploitations ayant une surface fertilisable supérieure à 3 ha épandent les lisiers et les digestats à l’aide d’une méthode d’épandage réduisant les émissions. Pour ce faire, il est possible d’opter pour une rampe à pendillards, à socs ou à un enfouisseur à lisier.
Agriculteurs à Corpataux (FR), Pascal et son fils François Monney gèrent une ferme mixte d’environ cinquante hectares. Outre les herbages servant à la production de lait de fabrication, les Fribourgeois cultivent une vingtaine d’hectares de grandes cultures: blé, orge, triticale, colza et maïs.
«Dès que nous avons appris que les pendillards deviendraient obligatoires, nous nous sommes intéressés en vue de nous équiper», explique François Monney. Jusqu’ici, ils ont toujours épandu le lisier de leur troupeau à l’aide d’un déflecteur classique. «Je n’ai jamais été convaincu par les pendillards classiques. Les hacheurs se bouchent trop souvent et cassent facilement lorsqu’il y a un corps étranger», précise son père.
Leur fournisseur de longue date, Felix Jungo, directeur de Jungo Landmaschinen à Tinterin (FR), leur a alors appris l’existence du Schleppfix, un système sans broyeur conçu par une firme suisse, Brunner Spezialwerkstatt «Le fabricant a organisé une démonstration en Argovie, en automne 2021», poursuit Pascal Monney. «Comme nous ne parlons pas suisse allemand, c’est Felix Jungo qui y est allé. Ce qu’il a vu l’a convaincu et nous lui avons fait confiance.»
Peu de problèmes et d’usures Les Monney ont donc choisi d’équiper leur citerne de 10 m3 d’une rampe Schleppfix de 9 m, qu’ils ont reçue en été 2022. Avec près d’un an d’expérience, père et fils en sont très satisfaits. «Pas de hacheur, moins d’entretien, moins de problèmes», résume Pascal Monney.
Leur bétail est abrité dans une stabulation flambant neuve, construite il y a à peine trois ans. Les 40 vaches laitières disposent de logettes dont la litière est composée d’un mélange de chaux et de paille hachée, de même que les génisses, tandis que les veaux jusqu’à 6 mois sont détenus sur une couche profonde recouverte de paille longue. «Au bout des allées raclées, le lisier tombe entre des tubes», explique François Monney. «Nous évacuons le peu de fumier épais qui reste sur ces tubes vers le tas de fumier, mais tout le reste part à la fosse.»
La stabulation étant récente, le lisier contient parfois, à la sortie de la fosse de petits déchets de chantier, tels que des bouts de bois. «On ne peut pas dire que le Schleppfix ne s’obstrue jamais, mais c’est rare», relève François Monney. «Ce printemps, sur les plus de 100 bossettes que j’ai vidées, j’ai dû descendre une dizaine de fois du tracteur et cette rampe est particulièrement facile et rapide à déboucher.» Son père abonde: «Si de tels corps étrangers devaient passer dans un broyeur, cela provoquerait de grosses casses».
La rampe est conçue pour être facile à laver et à entretenir. «Nous la graissons deux fois par an et un nettoyage annuel complet est effectué à la fin de la période des épandages», précise Pascal Monney, qui souligne également la qualité des matériaux utilisés. «Il n’y a pas de tuyaux flexibles qui pendent. Les socs sont en Hardox, le métal utilisé pour les concasseurs de pierres», explique-t-il. «Il y a très peu d’usure et donc très peu d’entretien.»
Rapidité de chantier Les agriculteurs fribourgeois relèvent aussi un autre avantage du Schleppfix. Grâce à un débit important, réglable à l’aide de différentes buses, la vitesse de chantier s’en trouve améliorée. «Pour épandre 25 m3/ha, je roule à 6 km/h», indique François Monney. «La citerne se vide bien plus vite que quand elle était équipée d’un déflecteur.»
En outre, l’assiette de distribution ne nécessitant pas d’entraînement, le Schleppfix utilise moins d’énergie et de carburant qu’un système classique de pendillards. Plus léger que les rampes équipées de patins traînés, le Schleppfix s’adapte très bien aux pentes.
De plus en plus d’exemplaires vendus Cette nouvelle technologie développée en Suisse provoque un certain engouement. «Nous sommes régulièrement sollicités par des collègues curieux et intéressés», explique Pascal Monney. Felix Jungo confirme: «Cette rampe est la deuxième que nous avons vendue. Mais depuis, nous en avons monté 25 de plus». Actuellement, le délai de livraison se monte à sept à huit mois.
Pour chaque rampe, le cadre est ajusté sur mesure aux dimensions de la citerne. «Il faut compter entre 32 000 et 34 000 francs pour une rampe de 7,20 ou de 9 m, montage et adaptations inclus», précise Felix Jungo. «Celles de 12 m étant composées de trois éléments, elles sont une dizaine de milliers de francs plus chères.» Vincent Gremaud, le 31 mars 2023.
  __________________________________ ASSIETTE DE DISTRIBUTION INNOVANTE Le cœur du système Schleppfix développé par la firme Brunner Spezialwerkstatt est sans conteste l’assiette de distribution. Sous pression, le lisier est acheminé sur chacune des deux moitiés de la rampe et projeté sur ces fameuses assiettes de distribution. Brevetée, une pièce construite avec un plastique particulièrement résistant à l’usure (polyamide PA 12), répartit le lisier sur l’ensemble de la largeur de la demi-rampe. Les deux assiettes de distribution sont équipées d’un couvercle de service avec des attaches rapides. Cela facilite non seulement le nettoyage, mais aussi l’élimination d’éventuels corps étrangers qui se seraient coincés.
Avec un débit élevé qui permet une vitesse de travail appréciable, l’effluent est projeté dans chacun des deux caissons de distribution en matériau inoxydable, avant d’être déposé sur le sol par des socs triangulaires simples ou doubles. Ces derniers permettent un espace entre les lignes de lisier de 15 centimètres.
Grâce à une articulation spéciale du système de fixation et une compensation pendulaire sur ressort, les deux demi-rampes sont indépendantes l’une de l’autre, ce qui permet d’épouser les irrégularités les plus importantes du terrain. VG, LE 31 MARS 2023.
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