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Le camérisier, nouvel arrivant chez les arbustes à baies en Suisse


La camerise est commercialisée dans les jardineries sous le nom de «baie de mai». Elle porte bien son nom puisque son arbuste a l’avantage de produire précocement, juste après avril.


Camerise


Les Japonais cultivent la camerise sur l’île d’Hokkaido depuis un ou deux siècles. Appelée «haskap», elle est décrite comme la «baie de longue vie et d’une bonne vision». Sous nos latitudes, le camérisier est aussi nommé «chèvrefeuille bleu». Le terme «camerise» vient du Québec. Il est la contraction de «chamae», qui veut dire «nain», et de «merise», du nom de la cerise du merisier.
 
Pour lancer sa commercialisation en Europe, il a fallu attendre qu’une commission européenne la considère «novel food» dans sa réglementation alimentaire, ce qui est chose faite depuis la fin de l’année 2018.
 
Son berceau d’origine se situe dans les régions nordiques de l’Asie de l’Est, en particulier en Sibérie, au sein de la péninsule Kamchatka et des îles Kouriles. Cela lui donne des avantages quant à sa rusticité, tant du côté de la fleur que de l’arbuste et du fruit.
 
Culture facile
L’arbuste peut mesurer entre 80 cm et 250 cm de hauteur, suivant les cultivars. Il possède une croissance rapide et un enracinement relativement puissant. Il préfère les terrains bien pourvus en matière organique, profonds, peu calcaires, voire légèrement acides, qui restent frais l’été. Il est conseillé de prévoir un paillage. Si la culture est jugée facile, il faut néanmoins envisager une bonne irrigation pour les jeunes plants en conteneur. La pollinisation des fleurs, généralement autofertiles, est améliorée par un assortiment variétal.
 
Le marché propose presque une centaine de cultivars. Les plus prometteurs pour la culture commerciale, du genre Aurora, doivent être encore testés dans les centres de recherche suisses.
 
Evaluation mitigée
Le consommateur aime le goût peu sucré, et légèrement acide de la camerise, entre la myrtille et la groseille. Quant au cultivateur, il apprécie sa précocité de récolte, sa facilité de conduite (peu de taille, pas de ravageurs et maladies, etc.) et sa rusticité. Sur ce dernier point, les fleurs du camérisier supportent en effet jusqu’à -7°C. Les pousses peuvent même endurer -18°C.
 
Dans les désavantages, les pionniers de la culture en Suisse relèvent la difficulté d’atteindre de bons volumes de production et regrettent le manque d’ouverture du marché pour l’innovation. De plus, les investissements pour l’installation et les coûts de récolte peuvent s’avérer très élevés.
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TEMOIGNAGES DE DEUX CULTIVATEURS PIONNIERS
Guidé par sa constante soif en matière d’innovation et de diversification, Jean-Blaise Gollut, viticulteur bio valaisan, se lance dans la culture du camérisier. En août 2022, il remplace 1,5 hectare de ses vignes au-dessus de Saillon (VS) par 6000 jeunes plants de chèvrefeuille bleu. L’absence d’expérience autour de cette culture ne décourage pas cet entrepreneur qui va investir 200 000 francs dans le camérisier.
 
Le centre Agroscope Conthey (VS) aide l’exploitant pour la sélection de variétés. Pour l’agriculteur, la baie présente plusieurs avantages: «C’est un superaliment vitaminé. L’arbuste montre une exceptionnelle précocité de récolte, réalisable dès mi-mai, et une excellente rusticité. Aussi, il n’y a pas de problème avec la mouche Suzukii. Les opportunités d’écoulement sont multiples: sirops, confitures, liqueurs, etc. Le bémol, ce sont les coûts des récoltes pour un fruit qui fait à peine trois grammes». La Maison des résistants à Saint-Pierre-de-Clages (VS), propriété de Jean-Blaise Gollut, se destine à la commercialisation des produits de la baie.
 
La plus grande culture de Suisse à Lucerne
Thomas Joss, de la ferme bio d’Oberzinggen à Malters (LU), partage l’enthousiasme du Valaisan. Ce précurseur est à l’origine de la première culture commerciale de camérisier de Suisse, plantée en 2017. Elle est encore la plus importante du pays. «Nous recherchions un nouveau défi qui soit un produit de niche à fort potentiel pour la santé», relate Thomas Joss. La camerise montre des teneurs intéressantes de vitamines A, C et E, d’anthocyanes et d’antioxydants.
 
Sur les six hectares de baies, dont des framboises, des fraises et des myrtilles, quatre hectares sont consacrés à la camerise. La quasi-totalité des cultivars sont du genre Aurora, accompagnés de variétés pollinisatrices.
 
La période de maturité est assez courte, d’une à deux semaines, entre mi-mai et fin juin. «Pour la vente des baies fraîches, nous pratiquons une récolte manuelle, intensive et délicate, car elles s’abîment très facilement. Pour la transformation, nous effectuons la cueillette à l’aide d’une récolteuse spécialement conçue pour les besoins de la camerise», raconte Thomas Joss. Ces baies récoltées mécaniquement sont destinées aux entreprises de transformation. La récolte est commercialisée via Bio partener et Terraviva, au marché de Lucerne, ainsi que dans les fermes Bio Suisse de la région. «Avec la camerise, les possibilités sont presque illimitées.»
 
L’offre présentée sur le site de la famille Joss a de quoi convaincre: fruits surgelés, sirop, poudre, pâte à tartiner, jus, snacks. L’entreprise a même reçu deux prix Bio gourmet en 2020 pour la qualité de ses produits.
 
La famille Joss laisse tout de même poindre une certaine déception quant au rendement qui peine à dépasser les deux tonnes de baies à l’hectare. Elle en attendait quatre à cinq tonnes. Il est donc difficile, voire impossible, de couvrir les frais. «En tant que pionniers, nous avons dû subir les contrecoups de nos expériences, sans pouvoir compter sur les conseils d’un centre de recherche», explique Thomas Joss. «Entre-temps, nous avons beaucoup appris et savons ce dont la plante a besoin. Très robuste, elle aime le climat frais et le temps humide.
Bernard Messerli, le 28 juillet 2023.

 

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