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Assurer la pâture par tous les temps


En conditions humides, la pâture peut vite devenir problématique. Mais avec quelques mesures de prévention, il est possible de préserver les herbages et de garantir un accès au parc en tout temps.


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Pluie et pâture ne font souvent pas bon ménage. Les dégâts se remarquent vite et il faut du temps pour rétablir la situation. Mais laisser le troupeau à l’intérieur n’est pas la solution. «Les animaux devraient pouvoir aller chercher leur fourrage tous les jours, il est donc important d’anticiper et de se donner les moyens de sortir aussi quand il pleut. Si elle est bien gérée, la pâture n’a pas forcément besoin d’être interrompue, même dans les conditions très humides de 2021. La réduction du temps d’accès devient alors nécessaire», relève Pascal Rufer, responsable du secteur Production animale chez Proconseil. Assurer la pâture en tout temps est une priorité pour les exploitations qui misent sur les herbages pour alimenter leur troupeau. Ça le deviendra aussi pour les éleveurs qui ont opté pour le programme SRPA pâturage. Les mesures préventives portent sur les prairies (lire ci-contre) comme sur les accès.

Fonction du chemin
Pour pâturer en conditions humides, il faut pouvoir compter sur des chemins en très bon état. Sans devoir recourir au béton, plusieurs possibilités s’offrent aux agriculteurs, de la plus simple à la plus coûteuse. La première réflexion doit porter sur l’utilité de l’accès. Est-ce que ce sera un chemin principal (la colonne vertébrale du système) ou un chemin secondaire? Est-ce qu’il sera destiné uniquement aux animaux ou aussi aux véhicules? Est-ce qu’il sera utilisé par un quad ou par un tracteur avec une citerne à eau? Etc. Une fois la fonction définie, il est possible de penser à la largeur, à la solidité ou au type de revêtement.

Pascal Rufer incite les exploitants à réfléchir à ces structures car les solutions les plus simples ne sont pas les plus adaptées et durables. Il donne l’exemple des copeaux, facilement installés et peu coûteux, mais qui gardent l’humidité et se mélangent rapidement à la terre. L’échelon d’après, c’est le gravier stabilisé, qui peut suffire si c’est bien fait et tassé! Le béton reste la mesure la plus solide mais nécessite une autorisation. Viennent ensuite les solutions matérialisées: tapis d’écurie, caillebotis de récupération, pavés ou grilles de stabilisation (type Ecoraster).

A la portée de tous
Pour le conseiller, la clé du succès réside dans la préparation du sol. Avant de poser l’élément choisi, il faut dégrapper la terre végétale sur 20 cm, installer un tissu géotextile puis un matériau filtrant (sable ou gravier) car il est impératif d’éviter les bas-fonds avec de l’eau qui stagne. Des essais de 2012 du Strickhof (ZH) donnent une fourchette de prix qui va de 53,2 fr./m2 pour les copeaux à 92,6 fr./m2 pour le béton (67,5 fr./m2 pour les grilles de stabilisation). «Quand on parle de prix, il faut tout considérer et notamment la longévité d’un système. Il vaut parfois la peine d’investir un peu plus et de viser le long terme», relève Pascal Rufer. Ces tarifs fluctuent selon le terrain ou l’origine du matériau. De nombreux chemins sont d’ailleurs réalisés avec des éléments de récupération.

Des essais ont été réalisés sur un chemin secondaire du domaine de Sorens il y a près de quinze ans. Sur du sable et du Bidim, ont été disposés: des anciens tapis de la stabulation des vaches, des anciens caillebotis d’une porcherie et une grille de stabilisation. Les tapis ont bougé mais gardent leur fonction et ne dérangent pas les vaches. Les caillebotis et les grilles, en revanche, sont restés intacts. «Ces tronçons n’ont pas demandé un gros investissement et sont toujours là après des années. Cela montre qu’il existe des solutions à la portée de tous», relève Jean-François Hayoz, responsable de la ferme.
Sarah Deillon, le 10 mars 2023.
 
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Des mesures à l’échelle du parc
Lors de fortes pluies, on observe souvent des vaches qui attendent en bordure de parc. Le risque est de voir le fourrage se souiller et le pâturage se dégrader. Ces conditions ont aussi une incidence sur les boiteries et l’hygiène de la mamelle. Les premières mesures doivent se prendre à l’échelle de la parcelle. Il faut déjà que le gazon soit dense et permette une bonne portance des animaux. Le déprimage précoce aide au tallage des graminées, de même que des apports en suffisance de fumure au printemps. La taille des parcelles doit ensuite être en adéquation avec le troupeau. Cela permet d’assurer un temps de séjour court et d’éviter que les animaux ne reviennent sur une zone déjà mangée. «Une vache prend son repas en 2 à 3 heures. Après cela, elle peut être rentrée pour préserver le pâturage», indique Pascal Rufer.

Pour pâturer quand il pleut, il est important de relever un peu la hauteur d’herbe à la sortie du parc (environ 7 cm), afin que le fourrage prenne le dessus sur la saleté. Il faut aussi prévoir une entrée et une sortie différentes pour éviter de souiller le fourrage en entrant dans le parc. SD
 
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Entretenir son réseau de chemins
 
Les vaches de la ferme école de Sorens (FR) se déploient sur près de 45 ha. Comme l’exploitation pratique le pâturage tournant dynamique, les parcelles doivent être atteignables par tous les temps. Pour cela, un chemin long de 800 mètres a été créé en 2004 (goudronné en partie et en gravier pour le reste). Après vingt ans, quelques ornières se sont creusées dans la zone en gravier mais le reste du chemin demeure en très bon état.

Les exploitants prennent des mesures pour le préserver au maximum. Ils évitent par exemple de rouler dessus avec des tracteurs et ont ajouté des sorties d’eau pour répondre à l’augmentation de l’abondance des précipitations.
 

Entrée et sortie de parc
Pour assurer la pâture en conditions humides, d’autres mesures sont prises à l’échelle du pâturage. Vers la fin mars, les 80 vaches Swiss Fleckvieh et Holstein passent une première fois sur l’entier de la surface. Puis en mai, lorsque la pousse devient plus importante, les parcelles sont fractionnées: en 11 parcs au départ puis cela augmente jusqu’à ce que les 45 ha soient divisés en 20 parcelles, dont 18 qui sont destinées à la pâture et à la fauche. Les vaches prennent entre 3 à 4 repas par parc puis sont déplacées.

«Pour définir quel parc doit être mangé en premier, nous prenons chaque lundi une mesure électronique de la hauteur d’herbe», indique le responsable Jean-François Hayoz. Pour préserver au maximum les prairies, chaque parc dispose d’une entrée et d’une sortie. Cela permet d’éviter que les bêtes ne reviennent sur la surface déjà mangée. SD
 
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Un escalier pour les vaches
 
Cela fera vingt ans que Frédéric Conus, agriculteur à Siviriez (FR), conduit son troupeau selon la pratique du vêlage saisonnier. La transition au pâturage tournant dynamique et le croisement de ses vaches avec des kiwi-cross ont suivi peu de temps après.

Ses 35 vaches sortent vers le 20 mars et rentrent aux alentours du 1er novembre. Si la météo le permet, elles sont dehors jour et nuit dès le 1er avril. «Il est donc essentiel que mes parcs et mes accès soient impeccables», relève l’éleveur. Il a acquis une certaine expérience de la pâture au fil des ans et a pu observer ce qui fonctionne ou pas. Il a par exemple adapté le temps de séjour dans les parcs. Aujourd’hui, ses vaches changent chaque jour de pré. Et le matin, elles sont d’abord contenues dans le premier tiers de la parcelle avant d’être lâchées dans le reste de la surface. «Cela permet de bien manger l’entrée du parc et d’éviter que les bêtes ne reviennent dessus.»
Pour la pâture, il dispose de 2 blocs de 8 ha. Le premier bloc est séparé en 18 parcs; le deuxième bloc est surtout mangé en été si besoin. Pour accéder à cette surface, les vaches ont emprunté pendant des années une forte pente qui devenait impraticable chaque fois qu’il pleuvait. «J’ai eu connaissance du système des escaliers et j’ai voulu essayer. Il est en place depuis cinq ans et n’a pas bougé, même lors des conditions très humides de 2021. Et il ne comporte pas de béton», se réjouit l’agriculteur qui précise que les vaches le descendent aisément.

Il a façonné les marches dans la terre puis disposé des vieux tapis d’écurie et 102 caillebotis de porcherie. «C’était du travail mais c’est fait avec de la récupération et donc à un tarif abordable», explique Frédéric Conus. Les marches sont larges de 70 à 80 cm et hautes de 28 cm pour la plupart. L’escalier mesure plus de 20 m. SD


 

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